Exposition / Musée
Le nuage Magellan
10 janv. - 9 avril 2007
L'événement est terminé
Cette exposition interroge la perception contemporaine du modernisme - des utopies déchues aux possibilités du futur, et réunit les projets de 8 artistes contemporains, Michael Hakimi, Oskar Hansen, David Maljkovic, Paulina Oÿowska, Dan et Lia Perjovschi, Maya Schweizer et Clemens von Wedemeyer.
L'exposition emprunte son titre à un roman de science-fiction de l'auteur polonais Stanislaw Lem publié en 1955. L'histoire du livre, un voyage interstellaire vers la constellation du Nuage Magellan, est un prétexte pour une analyse sensible de la société de l' époque qui, projetée dans le futur, acquiert une dimension universelle.
Cette exposition interroge la perception contemporaine du modernisme - des utopies déchues aux possibilités du futur, et réunit les projets de 8 artistes contemporains, Michael Hakimi, Oskar Hansen, David Maljkovic, Paulina Oÿowska, Dan et Lia Perjovschi, Maya Schweizer et Clemens von Wedemeyer.
L'exposition emprunte son titre à un roman de science-fiction de l'auteur polonais Stanislaw Lem publié en 1955. L'histoire du livre, un voyage interstellaire vers la constellation du Nuage Magellan, est un prétexte pour une analyse sensible de la société de l' époque qui, projetée dans le futur, acquiert une dimension universelle. C'est aussi un roman visionnaire sur les développements futurs des techniques et des technologies, dont un bon nombre sont devenues réalité aujourd'hui.
Lem considérait Le Nuage Magellan comme le pire de ses écrits. Ce livre fut son seul ouvrage de propagande et sa tentative de se conformer à la rhétorique dominante de l'époque le mena à un double échec. Il y décrit un paradis communiste du futur, mais son récit fut obsolète dès sa sortie, et la réception des autorités des plus réservées. Les mésaventures du Nuage Magellan peuvent être considérées comme une métaphore des questions que les artistes contemporains doivent se poser aujourd'hui sur leur choix.
La fin du premier conflit mondial inaugurait une période d'essor des sciences et des techniques et l'émergence d'une nouvelle forme de société, interrompue brutalement par la Seconde Guerre mondiale. Dans l'après-guerre, la pensée d'une nouvelle société où le code esthétique, le projet socio-culturel et la vision d'un futur omnitechnologique étaient étroitement imbriqués, prit un nouvel élan. Cette dernière grande vision universelle du futur liée au constant progrès, connue sous le nom de modernisme, survécut jusqu'aux années 1970. Mais l'échec de ce qu'on appelle l'utopie moderne apparaît clairement aujourd'hui et s'y confronter demeure l'un des privilèges de l'art contemporain.
Beaucoup de propositions artistiques contemporaines s'approprient l'art pour en faire un outil d'étude et d'analyse de société et tentent de proposer des perspectives pour le futur. L'art contemporain doit se confronter à la force de la pensée de l'utopie moderne et au poids de son héritage pour participer activement au changement du monde. Le modernisme doit être analysé, afin de comprendre les raisons de ses échecs, pour mieux cerner notre condition contemporaine et ne pas répéter ses erreurs. Les œuvres de cette exposition tentent cette expérience.
Pour illustrer l'utopie de la pensée moderne et ses échecs, l'exposition présente des projets d'un architecte polonais, Oskar Hansen (1922-2005), élève de Le Corbusier. L'idée sous-jacente à ses cités linéaires (SLC, 1968) était de transformer radicalement la géographie humaine et urbaine. Les villes anciennes concentriques, développées autour d'un centre riche et monopolisant la culture, devaient être remplacées par des structures linéaires et égalitaires. Mais la philosophie radicale d'Hansen a généré, à côté des propositions utopiques et dogmatiques, également des projets profondément novateurs, comme son projet pour le monument d'Auschwitz (1958), constitué d'une large route d'asphalte rectiligne traversant diagonalement le site de l'ancien camp de concentration. D'autres projets inaboutis de Hansen sont autant de témoins de l'utopie d'une époque, dominée par la conviction que de telles visions étaient réalisables.
Dan et Lia Perjovschi (nés en 1961) vivent à Bucarest. Obsédés par l'histoire, tous deux sont des activistes qui cherchent à transformer les traditions artistiques locales. En imprimant des fascicules et des périodiques, en organisant des réunions et en protestant de manière symbolique contre les abus de la nouvelle démocratie roumaine, ils animent la communauté artistique de Bucarest. Ce sont leurs points communs, mais leurs pratiques artistiques diffèrent. La plupart du temps, Dan travaille directement sur les murs des galeries et des musées en dessinant des commentaires satiriques issus de son attitude critique de la société ou illustrant ses réflexions sur la condition de l'artiste. Lia propose sa vision personnelle de l'histoire de l'art contemporain à travers plans et diagrammes en cherchant des connexions et des points de référence.
L'artiste allemand Clemens von Wedemeyer (né en 1974) présente trois films Silberhöhe, 2003, Die Siedlung / The New Estate, 2004 et Metropolis / Report from China, 2006, en collaboration avec l'artiste française Maya Schweizer.
Dans les films qu'ils réalisent ensemble, ils utilisent des images et des genres cinématographiques classiques pour former un cadre d'interprétation des phénomènes modernes. Dans Silberhöhe, Wedemeyer inclue des extraits sonores et visuels du film L'Eclipse de Michelangelo Antonioni afin de souligner les défaillances fondamentales du projet moderniste dont l'apothéose sera la destruction de quartiers entiers d'immeubles résidentiels dans l'ex-RDA.
Die Siedlung est le complément de Silberhöhe. Ce documentaire présente en contrepoint la construction de lotissements en Allemagne de l'Est. Le dernier film s'inspire de Metropolis de Fritz Lang dont on se souvient de l'impact sur l'histoire du cinéma et sur l'architecture. Clemens von Wedemeyer s'en sert comme d'un outil critique dans sa réflexion sur les évolutions urbaines, sociales et architecturales de la Chine contemporaine.
L'artiste germano-iranien Michael Hakimi (né en 1968) pratique un art plus personnel et plus narratif. Il met en scène dans ses installations des paysages fantaisistes et futuristes de l'univers architectural et urbain et y retranscrit les peurs contemporaines, l'atmosphère catastrophiste véhiculée par les médias de masse. Sa vision est ancrée dans une tradition moderniste et se réfère à la situation politique actuelle au Moyen-Orient.
L'artiste polonaise Paulina Oÿowska (née en 1976) aime raconter des histoires de perte et d'oubli. Elle présente deux œuvres : un film intitulé Place de Constitution, Varsovie, 2006, qui peut se lire comme un hommage aux habitants d'un immeuble de Varsovie qui se sont engagés à entretenir la « Joueuse de volleyball », l'un des néons les plus emblématiques de la capitale polonaise, qui date de 1962. Les enseignes au néon, installées en grand nombre par les communistes, étaient un élément important du paysage urbain. La deuxième œuvre est un assemblage de fidèles reproductions de néons de Varsovie datant de différentes époques et a été créée dans le but d'attirer l'attention sur l'état de dégradation avancée de la majorité des néons anciens de la capitale polonaise et de réunir les fonds nécessaires pour leur restauration.
L'artiste croate David Maljkovic (né en 1973) tente de dépasser les limites du discours historique en proposant sa propre perspective futuriste. Dans son œuvre Scenes for a New Heritage 3, créée spécialement pour l'exposition, il tente d'inventer de nouveaux rituels qui pourraient ramener à la vie le Monument pour les Combattants de la Liberté datant des années 1970 et dédié à la mémoire des résistants communistes de la Seconde Guerre mondiale, héros de l'ex-Yougoslavie. Après sa désintégration, l'histoire commune des peuples qui formaient cet État s'est arrêtée et les monuments érigés pendant cette période perdirent leur sens et leur caractère emblématique. Les rituels conçus par l'artiste sont une tentative d'imaginer un langage symbolique alternatif qui pourrait transformer l'héritage, souvent traumatisant, du passé récent.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis