Exposition / Musée
Cyprien Gaillard
Prix Marcel Duchamp 2010 - Ur
21 sept. 2011 - 9 janv. 2012
L'événement est terminé
Le Centre Pompidou expose une proposition de Cyprien Gaillard, lauréat du prix Marcel Duchamp 2010, en partenariat avec l'Association pour la diffusion internationale de l'art français (ADIAF).
L'artiste arpente le monde, y traque des ruines, anciennes et modernes, des architectures, des paysages sur le point de disparaître, de se transformer, d'être détruits, envahis par la nature, ou bien encore des sites restaurés, des objets à l'abandon. Cyprien Gaillard les met en scène dans des installations, des performances, et semble avancer avec cette phrase de Diderot : « Il faut ruiner un palais pour en faire un objet d'intérêt ».
Entretien avec Cyprien Gaillard, Propos recueillis pour le magazine programme Code Couleur n°11 :
Votre travail tisse architecture et nature, souvent « urbaine », à travers des sites rasés ou enfouis, comme dans le film distingué en 2010 par le Prix Marcel Duchamp. Un travail d'archéologue ?
CYPRIEN GAILLARD - Je m'intéresse à l'archéologie pour son potentiel sculptural et en tant que pratique, avec l'idée que l'excavation, la découverte d'un site va souvent de pair avec sa destruction : plus on fouille, plus on détruit, et mieux vaudrait parfois tout laisser intact sous la terre. Se pose la question des choix de préservation - pourquoi protéger un site tandis qu'un autre est démoli par les pelleteuses ? Tout est archéologie dans une ville, tout est ruine. Une partie de mon travail vise à briser cette hiérarchie en traitant un bunker de la Seconde Guerre mondiale comme un archéologue découvre un temple enfoui sous le sable du désert (Dunepark, La Haye, 2009). Je reviens d'Irak, de Babylone : je voulais voir à quoi ressemble ce site devenu un camp de l'armée américaine : un site archéologique désormais militaire ; en somme, l'inverse du changement opéré avec Dunepark.
Dans cette nature, de champ ou de ville, la ruine semble fixer une réflexion sur la destruction, l'obsolescence programmée par le temps, les hommes ?
CG - Oui, comme l'obsolescence du Forum des Halles, démoli pour la deuxième fois en 40 ans. Quand la ruine pointe, la croisade pour le renouvellement urbain débute Et quand celle-ci aboutit, le recyclage de ce qui est détruit commence. Le renouvellement urbain est un paradoxe : tout démolir pour avoir une ville plus verte et calme. Passer la nuit à boire et manger du muesli au petit-déjeuner...
Souvent le dialogue s'installe entre des références à l'art occidental classique et l'anachronisme d'une irruption de l'urbain, du contemporain, pourquoi ces collisions ? Quel est votre rapport à l'histoire de l'art ? Au musée ?
CG - L'anachronisme est mon outil pour combattre la nostalgie. Mieux qu'une collision, je cherche un point d'équilibre, une nouvelle harmonie dans un paysage. Certaines pyramides du sud du Mexique ont été restaurées à coups de béton dans les années 1970 : cela scandalise les archéologues tandis que j'y vois un mélange d'architectures maya et brutaliste associées dans une nouvelle harmonie. Comme quand les tours de Sight Hill à Glasgow sont éclairées avant d'être dynamitées durant la nuit et deviennent des « monuments » d'un soir. Parfois aussi la collision est nécessaire pour trouver une nouvelle forme de paix. Je passe mon temps dehors, sur « le terrain », mon travail découle généralement de cette pratique d'extérieur, sachant que l'oeuvre doit le plus souvent être montrée dans un lieu clos. J'aime cette dialectique extérieur / intérieur : penser le musée, fût-il d'art contemporain, comme un musée d'histoire naturelle, un lieu où l'on montre des fragments du monde extérieur.
Le Prix Marcel Duchamp :
Figurant parmi les initiatives fortes entreprises pour contribuer au rayonnement international de la scène française, le Prix Marcel Duchamp est né en 2000 à l'initiative de l'ADIAF, Association pour la diffusion internationale de l'art français, le plus important regroupement de collectionneurs privés et amateurs d'art contemporain en France. L'ambition du Prix Marcel Duchamp est d'encourager toutes les formes artistiques nouvelles qui stimulent la création contemporaine, et de confirmer la notoriété d'un artiste résidant en France, travaillant dans le domaine des arts plastiques et visuels.
Ce prix de collectionneurs bénéficie depuis sa création d'un partenariat avec le Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, et depuis 2005 avec la FIAC, Foire internationale d'art contemporain de Paris. L'originalité et la nouveauté du Prix Marcel Duchamp résident dans le mode de sélection des artistes : ce sont les membres du comité de sélection de l'ADIAF, c'est-à-dire des collectionneurs et amateurs d'art, qui établissent la liste des « nommés ». Le jury international réunit des experts dont les avis font autorité dans le monde de l'art contemporain : conservateurs, critiques, collectionneurs français et étrangers.
Après Claude Closky en 2005 et Philippe Mayaux en 2006, Tatiana Trouvé est la lauréate de la 7ème édition du Prix Marcel Duchamp.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis