Hors les murs
Folklore
Centre Pompidou-Metz
21 mars - 21 sept. 2020
L'événement est terminé
Sait-on que Vassily Kandinsky a commencé sa carrière en tant qu’ethnographe en Russie ? Que l’arrière-grand-père de Constantin Brâncusi était un bâtisseur d’églises en bois traditionnelles en Roumanie ? Que Natalia Gontcharova a développé une peinture abstraite en s’inspirant de costumes espagnols ? Que Joseph Beuys déclarait voir dans le folklore un outil de compréhension pour le futur, ou encore que Marcel Broodthaers a intégré une « section folklorique » à son Musée d’art moderne, département
des Aigles ?
Assimilé à la tradition, et donc en apparence à l’opposé de la notion d’avant-garde, l’univers du folklore, qui signifie littéralement « le savoir du peuple », sujet à de multiples controverses et à d’infinies querelles de définitions, infiltre de différentes manières des pans entiers de la modernité et de la création contemporaine. Loin des clichés d’un passéisme suranné et artificiel, les artistes ont pu trouver dans le folklore, y compris dans ses manifestations les plus immatérielles, une source d’inspiration, une puissance régénératrice, aussi bien qu’un objet d’analyse critique ou de contestation. Confrontant œuvres d’art et objets ou documents issus des fonds du Mucem, héritier du Musée national des arts et traditions populaires, c’est ainsi une double histoire qui se dévoile dans l’exposition : celle d’une discipline qui prend son essor au moment même où les artistes vont explorer des régions isolées ou collectionner des objets, comme Paul Gauguin et Paul Sérusier en Bretagne, Vassily Kandinsky et Gabriele Münter en Russie puis en Bavière, ou Constantin Brâncui en Roumanie, guidés par le fantasme d’une quête des origines.
L’exposition tisse ces différents liens, permettant une relecture de l’histoire de l’art à l’aune de l’ethnologie et de l’histoire européennes. Une section s’intéresse notamment à l’influence des pratiques ethnographiques et muséographiques sur les démarches d’artistes tels Joseph Beuys, les artistes de CoBrA ou encore Jeremy Deller et Alan Kane. Enfin, à l’èrede la mondialisation,qui s’accompagne d’une tendance à l’uniformisation, et dans laquelle sont perpétués des folklores créés de toutes pièces pour l’industrie touristique, l’exposition explore les paradoxales « nouvelles géographies du folklore ». Elles continuent de se déplacer avec les populations, et ne cessent d’être revisitées, voire réinventées par les artistes. Sujet brûlant, qui touche aux questions politiques de l’identité et de l’authenticité, le folklore semble offrir un nouveau regard sur la création. Inversement, le regard des artistes permet aussi de recontextualiser et de reconsidérer le folklore aujourd’hui.
Quand
10h - 18h, tous les jours sauf mardis
Où
Centre Pompidou-Metz, Metz