Débat / Rencontre
Ed Ruscha
Parole à l'histoire de l'art
12 mars 2015
L'événement est terminé
Colloque international.
Avec Benoît Buquet (Université François-Rabelais, Tours), Jean-Pierre Criqui (Service de la parole, Centre Pompidou), Larisa Dryansky (INHA), Briony Fer, (University College, Londres), Anne Mœglin-Delcroix, (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Linda Norden, (Malmö Art Academy, Lund University), Michel Gauthier (Centre Pompidou, Paris), Elizabeth A. Kessler (Stanford University, Palo Alto) et Margit Rowell (historienne de l'art).
11h00 : Anne Mœglin-Delcroix, (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
(D’)après Ruscha. Sur l’équivoque postérité des livres d’artiste d’Edward Ruscha
Twentysix Gasoline Stations, édité par Edward Ruscha en 1963, fut très tôt reconnu comme le paradigme du livre d’artiste. Pourtant, au cours des quatre décennies suivantes, il n’y eut qu’un tout petit nombre de livres pour rendre un hommage explicite au fondateur du genre. Ce n’est que dans les années 2000 qu’une descendance soudain proliférante a transformé l’héritage en phénomène épigonal. Sa consécration par la publication récente d’une compilation d’une centaine de livres d’après ceux de Ruscha (Various Small Books, MIT Press, 2013) a mis en évidence le risque de transformation d’un modèle en poncif. On s’interrogera sur les équivoques d’une telle postérité, qui n’est pas sans effet en retour sur ce qui l’a engendrée.
11h40 : Benoît Buquet, (Université François Rabelais, Tours)
La liquidation d’Eddie Russia
Entre 1965 et 1969, Ed Ruscha assure la mise en page du magazine Artforum sous le pseudonyme d’Eddie Russia. Ce détail n’est qu’un des nombreux signes de la relation complexe, faite de déplacements et d’évitements, que l’artiste entretient avec le design graphique. On s’intéressera aussi bien aux livres canoniques qu’à des supports moins considérés (publication étudiante, contributions à des revues, pochette de disque, catalogues, affiches), afin d’appréhender cette entreprise de suspension du sens dont l’intelligence graphique n’a d’ailleurs pas échappé à certains de ses contemporains.
12h20 : Briony Fer, (University College, Londres)
Ruscha's Anti-World
Cette communication aborde les liens entre le monde et l’œuvre dans les peintures récentes de Ruscha, et notamment dans son déploiement d’éléments qui relèvent conventionnellement du registre de la nature morte. Prenant comme point de départ la notion proustienne de la nature morte comme anti-monde, il s’agira d’imaginer à quoi pourrait ressembler aujourd’hui, si tant est qu’elle soit encore possible, une réflexion sur l’intérieur de la peinture. En s’appuyant sur des références allant de Walter Murch à Andrew Wyeth, nous examinerons les psycho-natures mortes de Ruscha pour nous demander : où s’achève l’intérieur de la peinture et où commence son extérieur ?
13h00 : Pause
14h30 : Projection du film Miracle (1975, 30’) de Ed Ruscha,
Couleur, Vo anglaise, 16mm, copie numérique restaurée.
Avec Jim Ganzer, Michelle Phillips, Dana Derfus
15h00 : Linda Norden, (Malmö Art Academy, Lund University)
Some American Mythologies : Thoughts on Ed Ruscha’sMiracle (1975) and Course of Empire (2003-5)
Ed Ruscha a dit un jour que son projet pour la Biennale de Venise, Course of Empire, avait pour sujet « la manière dont le changement advient aux choses », question qu’il avait abordée aussi dans des œuvres antérieures. Si les tableaux de Venise s’inspirent spécifiquement du cycle de 1992 appelé Blue Collar Paintings, le film Miracle, réalisé en 1975 par Ruscha, exprime lui aussi déjà cette interrogation sur la manière dont le changement produit des dégâts et accomplit des miracles. Le film documente un moment différent, une métamorphose différente, mais selon un même point de vue local et résolument historique.
15h40 : Michel Gauthier (Centre Pompidou, Paris)
Ed Ruscha et la Pictures Generation
S’agissant des origines de la Pictures Generation, il est d’usage, notamment en ce qui concerne les artistes californiens qui la composèrent, d’évoquer le rôle majeur de John Baldessari. De fait, celui-ci enseignait à CalArts lorsque plusieurs des membres de ladite génération y étudièrent : Troy Brauntuch, Jack Goldstein, Matt Mullican, David Salle ou James Welling. Pourtant, par-delà ces données factuelles et le seul horizon californien, il convient de mesurer à quel point la poétique d’Ed Ruscha informe tout aussi décisivement l’axiomatique de la Pictures Generation.
16h20 : Elizabeth A. Kessler (Stanford University, Palo Alto)
Making Nonsense of History: Ed Ruscha’s Time Capsules
Les capsules temporelles ont acquis un nouveau statut dans la culture populaire américaine du XXe siècle, devenant un moyen de réfléchir à notre technoculture de l’accélération. Avec « 234 Things from the United States » (1974), un projet non réalisé pour La Défense, Ed Ruscha a utilisé la forme et le contenu de sa capsule temporelle pour explorer la permanence et l’impermanence, le quotidien et ce qui sort de l’ordinaire, le sérieux et l’humour. En attirant l’attention sur des archives historiques, cette pièce préfigure la comparaison qui est désormais souvent faite entre l’œuvre de Ruscha et les capsules temporelles.
17h00 : Margit Rowell, historienne de l’art, Paris
A Study of Style
La récente exposition d’Ed Ruscha (Rome, Gagosian, novembre 2014-janvier 2015) peut être considérée comme une suite des trois cycles précédents consacrés au déclin de la société de consommation occidentale : Course of Empire, présenté à la Biennale de Venise en 2005, Aztec/Aztec in Decline de 2007 et Psycho Spaghetti Western, commencé en 2010 et encore en chantier. Cependant, plutôt que d’analyser le contenu de ces tableaux, manifesté de façon très évidente par la représentation d’objets mis au rebut et de pneus éclatés, il s’agira dans cette communication de s’attacher au traitement stylistique de ces sujets par Ruscha et à la façon dont celui-ci accentue l’impact des images.
En partenariat avec l’Université François-Rabelais, Tours ; l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV) ; et le Centre de Création Contemporaine de Tours
Avec le soutien de la Terra Foundation
Renseignement :
Ines Henzler, ines@henzler@centrepompidou.fr
Pour recevoir les annonces de nos soirées :
Christine Bolron, paroleaucentre@centrepompidou.fr
Quand
11h - 17h30