Débat / Rencontre
Les sociétés secrètes de Jacques Rivette
Questions de cinéma
21 avril 2007
L'événement est terminé
Des propos de Jacques Rivette sont extraits et transcrits à partir d'un dialogue avec Serge Daney, qui fut filmé en 1990 par Claire Denis et présenté sous le titre Jacques Rivette, le veilleur, dans la série « Cinéma de notre temps ». Ces notes de conversation pourraient servir, peut-être, de points d'appui pour une réflexion renouvelée sur l'oeuvre de Jacques Rivette.
Des propos de Jacques Rivette sont extraits et transcrits à partir d'un dialogue avec Serge Daney, qui fut filmé en 1990 par Claire Denis et présenté sous le titre Jacques Rivette, le veilleur, dans la série « Cinéma de notre temps ». Ces notes de conversation pourraient servir, peut-être, de points d'appui pour une réflexion renouvelée sur l'oeuvre de Jacques Rivette :
Le corps, le visage : « C'est que je n'ai pas envie de le morceler, il y a beaucoup de cinéastes qui, de façon consciente ou inconsciente, fonctionnent sur cette idée du corps morcelé : pas seulement le visage, ça peut être n'importe quelle partie du corps, mais il est évident que c'est le visage la partie privilégiée. Et quand il m'arrive de regarder dans l'oeilleton, j'ai toujours tendance, après parfois je m'en veux, à reculer parce que le visage tout seul... J'ai envie de voir les mains, et si je vois les mains, j'ai quand même envie de voir le corps. »
La pudeur : « Ayant en effet une pudeur, peut-être excessive, par rapport aux secrets même des personnes, je veux dire des personnages qui peut-être finalement auraient envie d'être, sinon violés, tout au moins poussés davantage dans certains de leurs retranchements.» « Il faudrait que je trouve la pudeur de l'impudeur. »
Le montage, la continuité : « Je crois que je n'ai pas le tempérament, le goût ou le talent de faire un cinéma de montage, c'est un cinéma au contraire qui fonctionne davantage sur la continuité des événements, pris plus ou moins dans leur globalité. »
La société secrète, le complot : « Le monde des cinéastes me semble plutôt être une société secrète très diffusée et non pas évidemment un gros effet massif de société, malheureusement pour les producteurs de films, ce n'est pas le cas. Les complots ne sont pas forcément négatifs : chaque film est un petit complot qui marche ou ne marche pas, il y a un côté société secrète pour chaque film : Out One était un film sur un complot positif, utopique, en fait entièrement écrit dans l'esprit de Jean-Pierre Léaud. »
Le temps, la vitesse : « J'ai effectivement l'impression qu'il y avait dans les films d'il y a cinquante ans un art de la brièveté, de la condensation des événements, des idées, vertigineux et qui a été complètement perdu, parce que il y a des époques pour toutes les choses, enfin, parce qu'on est passé, comme le dirait Deleuze, dans une époque où le temps n'a plus la même vitesse, ni la même densité, ni le même temps, comme si il y avait un avant et un après Antonioni, qui a été un des cinéastes qui ont marqué cet infléchissement de la durée, et que maintenant, dans la durée des fictions contemporaines, il faut trois heures là où il en fallait une il y a cinquante ans. »
Le film : « Un film n'a aucune chance d'exister vraiment, sauf si on a assez vite le sentiment qu'il y a des choses qui sont possibles et d'autres qui ne le sont pas. Il y a un stade à partir duquel le film existe, comme si il y avait un objet, une statue ou simplement un vase un peu ébréché qui est enfoui, dont on a par hasard déterré un petit bout qu'il faut essayer de sortir sans trop abîmer : ça aide à avancer. »
Ces propos de Jacques Rivette sont extraits et transcrits à partir d'un dialogue avec Serge Daney, qui fut filmé en 1990 par Claire Denis et présenté sous le titre Jacques Rivette, le veilleur, dans la série « Cinéma de notre temps ». Ces notes de conversation pourraient servir, peut-être, de points d'appui pour une réflexion renouvelée sur l'oeuvre de Jacques Rivette.
Quand
14h30 - 19h