Exposition / Musée
Julian Schnabel
14 janv. - 22 mars 1987
L'événement est terminé
Cette exposition est consacrée au peintre new-yorkais Julian Schnabel, et a été conçue en étroite collaboration avec la Whitechapel Gallery de Londres. Elle regroupe pour la première fois en France un ensemble de plus de quarante peintures réalisées par l’artiste entre 1975 et 1987. Trois sculptures complètent la présentation. Une œuvre qui ne cesse de susciter la controverse.
On a suspecté Julian Schnabel d’être l’apôtre du retour d’une peinture monumentale, proche des Grandes Machines du 19e siècle. On a voulu reconnaître dans l’emphase et le débordement de signes et d’images une réponse implicite au projet issu des approches minimalistes et conceptuelles des années 1970. En un mot, les tenants de la pauvreté de l’art ont voulu voir en lui l’apologie exubérante contre laquelle ils avaient lutté. Il est cependant vrai que l’œuvre de Schnabel n’a cessé de prendre une dimension de plus en plus monumentale. A la fragilité des matériaux et des supports, s’oppose une matérialité encombrante et lourde. […] Qu’il s’agisse des toutes premières œuvres dans lesquelles l’artiste ne craint pas de faire réapparaître le sujet ; qu’il s’agisse encore des premières Plate Paintings – littéralement des « peintures avec assiettes » –, ou bien de surfaces et de supports de velours, de peaux de bêtes, de feutrine, l’art de Schnabel s’édifie sur un fond que l’artiste veut nécessairement complexe et chargé d’histoire. […]
Ainsi est-il juste de placer cette œuvre sous le signe du débat qui s’est ouvert quant aux contradictions que pouvaient charrier la peinture, son réinvestissement et sa finalité. Les sources de Schnabel sont multiples, aussi multiples que peuvent être les sollicitations de la mémoire et du quotidien […]. Ce questionnement des sources et de ce que nous en faisons est ainsi davantage le sujet de cette œuvre que l’affirmation d’une quelconque forme triomphante. [… Et] Schnabel ne cherche aucune hiérarchie dans l’ordre des images. […]
Parallèlement, si Schnabel semble réintroduire la figure de l’artiste-démiurge, c’est d’abord pour en dénoncer les contradictions et montrer comment certains artistes de l’art européen veulent actuellement la faire resurgir. Mais il est vrai que l’un des aspects sur lesquels l’œuvre de Schnabel nous incite à réfléchir est peut-être la critique implicite de l’impérialisme culturel américain et la réévaluation nécessaire de certains acteurs de la scène européenne (Pommes de terre, 1980-81, Mutant King, 1981).
D’après Bernard Blistène, CNAC magazine, n°37, 15 janvier-15 mars 1987, et le communiqué de presse
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