Roger M. Buergel

« La première Documenta, en 1955, se donna pour ambition de donner une nouvelle motivation à un public allemand traumatisé et largement dispersé. Il s'agissait moins d'une exposition que d'un mode d'agencement relevant d'un projet esthétique ou, mieux encore, d'une décision artistique. Le dispositif d'exposition fut au moins aussi important que les oeuvres présentées. Le dispositif devait être le moyen même de mobiliser le public, en exposant les oeuvres dans leur nudité - leur insupportable pureté ». Roger M. Buergel

Historien d'art, critique, commissaire d'exposition, Roger Buergel a été nommé directeur artistique de la Documenta 12, qui se tiendra à Kassel, de juin à septembre 2007. Il succéde à Catherine David et Okwui Enwezor qui avaient respectivement dirigé les Documenta 10 et 11, et chacun s'interroge désormais sur la proposition qui sera la sienne.

Sans doute cherchera-t-on des indices de ses choix à venir dans ses précédentes expositions conçues en collaboration avec l'historienne d'art Ruth Noack. On citera notamment Die Regierung (Du gouvernement) 2003-2005 qui aura été présentée à Luneburg, Barcelone, Rotterdam et Vienne ; et Dinge, die wir nicht verstehen (les choses que nous ne comprenons pas), présentée en 2000 à Vienne.

Peut-être faut-il mettre l'accent sur des préoccupations qui apparaissent de façon récurrente dans le travail de Roger M. Buergel : l'articulation entre Art et politique, la question de l'autonomie esthétique, la nécessité de prendre en compte de façon critique la globalisation, la vigilance à l'égard du risque de voir l'exposition type n'être que le masque de la pensée néo-libérale, l'ambition que l'exposition de l'art soit en mesure de présenter une alternative au récit dominant. Mais l'essentiel n'est-il pas dans le scrupule de ne pas esquiver les impératifs contradictoires ?

La conférence de Roger M. Buergel sur L'origine de la Documenta nous apportera quoi qu'il en soit un éclairage précieux sur ses projets à venir.