Hors les murs
Un musée imaginé. Et si l’art disparaissait ?
Trois collections européennes : Centre Pompidou, Tate, MMK
19 oct. 2016 - 27 mars 2017
L'événement est terminé
2052. L’art est menacé d’interdiction et la destruction plane… Plus de quatre-vingts œuvres clés ont pu être sauvegardées dans un musée transnational, précaire : face au désastre, il faut trouver le moyen de conserver les notions emblématiques véhiculées par l’art moderne et contemporain pour les générations futures. Les visiteurs sont invités à les préserver en exerçant leur mémoire et en faisant l’expérience des œuvres. Ce contexte imaginaire est le point de départ d’une exposition inédite. La trame est empruntée au roman de science-fiction de Ray Bradbury, Fahrenheit 451 (1953); Une communauté d’« hommes-livres » fait face à l’interdiction de lire en apprenant par cœur les chefs-d’œuvre de la littérature mondiale. Ils deviennent une bibliothèque vivante. L’appropriation mentale rend caduc l’interdit.
Cette exposition rassemble les collections de trois institutions de la scène artistique internationale autour de ce thème : la Tate, le MMK Francfort et le Centre Pompidou. Ensemble, elles constituent le temps d’une exposition, un impressionnant « musée imaginé » qui s’expose tour à tour dans trois lieux la Tate Liverpool, le MMK de Francfort, le Centre Pompidou-Metz. Comme les hommes-livres, les visiteurs sont encouragés à s’approprier une œuvre afin d’en rendre possible la restitution en cas de disparition. La nécessité de mémoriser l’œuvre est rendue tangible au long du parcours de l’exposition. Des récits, pictogrammes, photographies, enregistrements sonores et performances imaginés par des artistes permettent au public d’intérioriser les œuvres.
Cette exposition d’anticipation fait écho aux récents cas de censure et de destruction de patrimoine culturel. Elle soulève des questions fondamentales : pourquoi sauver la mémoire de l’art? Quelles qualités le rendent essentiel dans nos vies et nos sociétés? Le parcours invite le visiteur à s’interroger sur les enjeux de l’art tels : la transfiguration du banal, la capacité de l’œuvre à réinventer les notions d’espace et de temps, à altérer et donc ouvrir notre perception de la réalité, à exprimer l’indicible et célébrer l’énigme du monde. L’exposition évoque aussi les liens entre la littérature, l’art et le langage, tout en réaffirmant la faculté des musées à instruire et à offrir un espace de liberté à la pensée, à la contemplation et au plaisir. Le parcours de visite est prolongé par un espace d’expérimentation et de partage, le « Studio de mémorisation ». Le public y construit son musée à l’aide de cartes, restituant des souvenirs, des interprétations personnelles. Ces récits, anecdotes, schèmes, dessins, images forment un « palais » mémoriel. Le projet culmine, dans les derniers jours de l’exposition, avec la disparition littérale des œuvres du parcours : le temps d’une journée de performances, elles sont remplacées par des personnes, des « hommes-œuvres » qui interprètent les œuvres disparues en faisant appel à la puissance de restitution de leur mémoire.
Quand
10h - 18h, tous les jours sauf mardis
Où
Centre Pompidou-Metz, Metz