Le genre international

Une proposition métissée de cinéma continué de Judith Cahen et Masayasu Eguchi, Le genre international, 50’, 2018

Avec Masayasu Eguchi, Judith Cahen poursuit un travail de mixage des genres, aussi bien culturel que formel. Ici, la question de la nation sera abordée du point de vue de ce qui la traverse et la dépasse : l’international. Chanté en de multiples langues, l’hymne apparaît, s’éteint et renaît sur fond de théâtres vides à ciel ouvert. Si la « lutte finale » n’a pas eu lieu et si croire en « des lendemains qui chantent » ne semble plus d’actualité, que peut-t-on dire, un siècle et demi plus tard, de la promesse du refrain : « L’internationale sera le genre humain » ? Dans les théâtres vides, est convoqué un peuple d’amis pour évoquer avec eux les ruses intimes et artistiques du métissage, pour conjurer à la fois l’enfermement des nations et du capitalisme international. Des dissidences intimes semblent possibles ; à quelles conditions ? Peut-on fabriquer des bulles d’atmosphères vivables, si le monde autour devient irrespirable ? Les deux artistes se serviront avec une parcimonie ludique de Jacques Lacan, un monument français intéressé par les japonais (qui le lui rendent bien). L’humour étant la politesse du désespoir, ils ne s’en priveront pas.

Le spectateur sera invité à suivre leur cheminement, en assistant d’abord à la projection du film en création, puis la projection se prolongera avec les acteurs du film devant l’écran, sous forme de performance. Ils prépareront alors la deuxième partie du film avec la salle, en espérant réussir à en sortir, avec eux…