Débat / Rencontre
Robert Storr : montrer et raconter
30 oct. 2003
L'événement est terminé
« Le ré-accrochage des collections des musées sur des bases thématiques ou formelles et non purement chronologiques, a suscité de récentes controverses. (...) Au final, pourtant, comme montrer c'est raconter et qu'il y a beaucoup de choses à raconter, il y a, en conséquence, de nombreuses façons de montrer et c'est là une réalité à laquelle les musées du 21ème siècle ne peuvent tout simplement pas échapper. »
« Le ré-accrochage des collections des musées sur des bases thématiques ou formelles et non purement chronologiques, a suscité de récentes controverses qui ont permis d'éclairer quelques questions clés.
D'abord, il y a la remise en cause d'habitudes de plus en plus enracinées dans les institutions et le public qui se retrouvent, tous deux, profondément désorientés : quand les œuvres d'art perdent leur place traditionnelle voire immuable et commencent à circuler en fonction de l'attraction magnétique qu'elles exercent les unes sur les autres ; quand une autre logique s'affirme, fondée sur une conception non-linéaire du développement artistique.
En second lieu, on découvre à quel point la conscience d'un développement historique devient ténue et unidimensionnelle, et combien les conventions historiques sont facilement mises à mal par des digressions ou ré-attributions liée à l'insistance de l'activité critique.
Si la perception visuelle de l'art, comme on le pense généralement, fonctionne bien comme un texte, la façon dont le commissaire-auteur « structure » les œuvres dans un espace constitue l'essence de sa composition, créant ainsi les termes physiques et mentaux au sein desquels le spectateur-lecteur affirme ses propres prérogatives.
Dans cette dynamique, la peur du commissaire-auteur d'être mal compris rencontre trop souvent celle du spectateur-lecteur et révèle la relation de pouvoir si méconnue entre eux. En même temps, cette crainte génère une mauvaise utilisation de techniques complémentaires utilisées pour expliquer ou (re)présenter l'art, ce qui tend à dissimuler ce conflit et à obscurcir les ambiguïtés et malaises toujours gênants, mais inhérents à l'art lui-même. Ainsi, l'art et l'histoire dans leur polyvalence sont maintenus en otage par ces deux conservatismes.
Au final, pourtant, comme montrer c'est raconter et qu'il y a beaucoup de choses à raconter, il y a, en conséquence, de nombreuses façons de montrer et c'est là une réalité à laquelle les musées du 21ème siècle ne peuvent tout simplement pas échapper. »
Robert Storr, ancien conservateur général du département peinture et sculpture du MoMa, New York ; Professeur d'art moderne à l'institut Rosalie Solow.
Quand
À partir de 19h30