Cinéma / Vidéo
Urszula et le prix de la liberté
14 nov. 2012
L'événement est terminé
Urszula et le prix de la liberté (Zeby nie bolalo)
1998 / Pologne / 46 min
Réalisation : Marcel Lozinski
Image : Jacek Petrycki
Son : Malgorzata Jaworska
Montage : Katarzyna Maciejko-Kowalczyk
Production : Kalejdoskop, Telewizja Polska
Distribution : Kalejdoskop
Quand en 1974, dans son court-métrage La Visite, Marcel Lozinski vient filmer
Urszula Flis dans sa ferme du Nord-Ouest de la Pologne, il accompagne une
journaliste et un photographe venus faire un reportage sur elle :
l’agricultrice, qui vit seule avec sa mère âgée, a en effet attiré l’attention
des médias tant sa passion pour la littérature et le théâtre paraît
incompatible avec ses activités. De son célibat lettré qui semble gêner les
voisins, elle dira simplement : « Chaque village a sa bête noire… ». Quand le
documentariste revient vingt-trois ans plus tard, la fermière semble
définitivement ancrée dans un rapport à la terre qui, dit-elle, lui « donne de
la force ». Du temps a-t-il vraiment passé ? Les vaches sont traitées de la
même façon, les veaux continuent de marcher une heure seulement après leur
naissance. Tout a changé en revanche dans le dispositif du film, ou plutôt, la
personnalité de la journaliste qui vient écouter Urszula change tout : là où
Marta, en 1974, tentait de convaincre la paysanne non sans cruauté que la vraie
vie était ailleurs que dans sa ferme, Agneszka se fait discrète, pleine
d’empathie. Sans doute a-t-elle compris que la littérature n’est pas un
ailleurs mais un hic et nunc—chez une amoureuse du théâtre de Beaumarchais,
n’est-il pas tout naturel que le chat porte le nom de l’héroïne du Mariage de
Figaro ? Peu à peu, en des espaces de moins en moins agricoles et de plus en
plus intimes et tamisés, un secret s’apprête à se dire. « Urszula s’est
entièrement confiée à la caméra, dit dans un entretien Marcel Lozinski. Elle
m’a laissé décider s’il fallait ou non garder sa confession au montage. En
véritable censeur, j’ai ôté tout ce qu’elle pourrait regretter à l’avenir. » Le
cinéaste, comme celle qu’il filme, évalue le prix de sa propre liberté.
Charlotte Garson
Quand
À partir de 20h