Débat / Rencontre
Colloque Dalí : l'énigme sans fin
Parole aux expositions
23 - 24 janv. 2013
L'événement est terminé
Ce colloque réunira les contributions d'éminents spécialistes internationaux de l'oeuvre de Dalí, croisées avec le regard de créateurs contemporains.
Ce colloque réunira les contributions d’éminents spécialistes internationaux de l’œuvre de Dalí, croisées avec le regard de créateurs contemporains.
Dalí : L’énigme sans fin.Le titre de ce tableau de 1939 qui fit la gloire aux Etats-Unis d’un Dalí passé maître dans une figuration de l’ambiguïté, une figuration « à tiroirs », apparait opérant pour le décryptage d’une œuvre aux multiples lectures. Contrairement à ce qui s'est passé pour la plupart des autres grandes figures du XXe siècle, l’œuvre de Dalí a été peu étudiée de son vivant, comme si la prédominance de l’histrion et de sa parole rendait vain le travail des historiens. L’exposition s’emploie, avec l’aide du catalogue, à réévaluer le parcours de l’artiste, dont on n’a pas assez mesuré le rôle de passeur entre l’Europe et les Etats-Unis. Le numéro spécial des Cahiers du Mnam (n°21, automne 2012) et ce colloque international contribuent à développer et approfondir de nouvelles pistes de recherche. Des spécialistes reconnus côtoient une plus jeune génération qui s’attache à livrer de nouvelles interprétations au-delà des clichés que Dalí lui-même s’est évertué à propager. Outre les sujets d’histoire de l’art, seront abordés des points de vue aussi différents que la psychanalyse lacanienne, la représentation du genre, la langue de Dalí et ses intuitions scientifiques.
Colloque organisé avec Jean-Michel Bouhours, Thierry Dufrêne et Jean-Hubert Martin, commissaires de l'exposition "Dalí" (du 21 novembre au 25 mars 2013, Galerie 1) et l’Institut Ramon Llull.Programme :
MERCREDI 23 JANVIER
Emmanuel Guigon, « Salvador Dalí et la crise de l’objet »
Catherine Millet, « Dalí et nous »
Astrid Ruffa, « De Chirico et Picasso vus par Dalí. Vers un art du concret délirant »
Jorge Wagensberg, « Dalí et la science comme inspiration »
Óscar Tusquets, « Le meilleur tableau de Dalí »
JEUDI 24 JANVIER
Jean-Louis Gaillemin, « L’ornement paranoïaque »
Dawn Ades, « Lost and Found : Le mythe tragique de l’ Angélus de Millet et La Gare de Perpignan »
Michèle Harroch, « Dalí, Oui ! Mais… »
Albert Serra, « Dalí et le cinéma »
Enric Casasses, « La langue de Dalí »
Frédérique Joseph-Lowery, « Salvador Dalí, de Mae West à Salomé »
Mercredi 23 janvier
Emmanuel Guigon : « Salvador Dalí et la crise de l'objet »
Dali a joué, durant toutes les années 1930, un rôle de premier plan dans la théorie et la construction des objets surréalistes, qu'ils soient virtuels ou réels, et dans leur diffusion, ainsi que dans la création d'un nouveau genre de modèle d'exposition-environnement qui va profondément influencer l'aventure surréaliste.
Catherine Millet : « Dalí et nous »
En France, on a un peu trop envisagé l’art de la seconde moitié du XXe siècle comme obsédé par le readymade et l’héritage de Duchamp. Mais non, chez quelques-uns des nouveaux-réalistes et chez quelques artistes des générations qui leur ont succédé, un écho souterrain de Salvador Dalí est décelable. Celui-ci avait si mauvaise réputation que son influence restait invisible ou était tue. Il est temps d’ouvrir les yeux sur des œuvres où se retrouve, entre autres, l’obsession du maître pour ce que son voisin de Cadaquès appelait “un art rétinien”.
Astrid Ruffa : « De Chirico et Picasso vus par Dalí. Vers un art du "concret délirant" »
Objet de réappropriations multiples durant les années 1920-1930, les œuvres de De Chirico et de Picasso jouent un rôle particulièrement important au sein de l’esthétique surréaliste. Alors que les deux peintres n’ont jamais attribué à l’irrationalité un caractère créatif, ils sont considérés comme des précurseurs et des modèles, et permettent à Breton et à Dalí de penser un « art surréaliste ». Cette communication soulignera d’abord le lien que Breton et Dalí établissent entre le surréalisme pictural et l’œuvre de Picasso et de De Chirico. Les lectures proposées par les deux théoriciens de l’art surréaliste sont non seulement spécifiques et varient au fil des années, mais elles divergent de plus en plus, mettant en lumière deux approches de plus en plus éloignées et difficilement conciliables. On se focalisera ensuite sur l’application de Dali de sa méthode créative (l’ « activité paranoïaque-critique ») à des tableaux de De Chirico et Picasso. Les œuvres des deux peintres engendrent alors des productions nouvelles qui s’inscrivent dans un art « anachronique » du « concret délirant ».
Jorge Wagensberg : « Dalí et la science comme inspiration »
Analyse des intuitions scientifiques qui résultent pour Dalí de ses longues conversations avec des hommes de science.
Óscar Tusquets : « Le meilleur tableau de Salvador Dalí »
La communication analysera le tableau Yo cuando tenía 7 años y creía que era una niña, levantando la piel del mar para ver el sueño de un perro. Cette peinture date de 1950, quand Dalí avait déjà ouvert la voie de sa peinture religieuse, en pleine « décadence banale et répétitive » selon quelques orthodoxes reconnus comme Ian Gibson. On essayera de démontrer la fausseté de cette affirmation.
Jeudi 24 janvier
Jean-Louis Gaillemin : « L'ornement paranoïaque »
La communication traitera de la notion dalinienne antimoderniste d'ornement dans quelques œuvres et textes entre 1930 et 1936.
Dawn Ades : « Lost and Found : Le mythe tragique de l'Angelus de Millet et La Gare de Perpignan. »
En 1932 Dali devint littéralement obsédé par L’Angelus, le tableau de Millet à la gloire de la piété paysanne. Interprétant sa propre obsession selon la méthode paranoïaque, il produisit non seulement une série de peintures, mais aussi un livre, Le Mythe tragique de L’Angélus de Millet, qu’il décrivit lui-même comme un « essai psychanalytique ». Non publié (parce qu’impubliable ?) à l’époque, sa redécouverte au début des années 1960 suscita deux des plus extraordinaires tableaux de la dernière période de Dali : Portrait de mon frère mort et </m>La gare de Perpignan.
Michèle Harroch : « Dalí, Oui ! Mais… »
Au début des années 1930, Dalí reçoit un jeune et brillant psychiatre. Durant son internat, le Dr Lacan avait déjà manifesté un sérieux intérêt pour les écrits de ses patients et leurs effets de création. En 1939, la « Déclaration de l’imagination et des droits de l’homme à sa propre folie » donnera son élan à une nouvelle monarchie mondialiste. Fort de son énigmatique système paranoïaque-critique, et en conquistador fanatique, Dalí s’autoproclame « sauveur de la peinture moderne ». Pour sa part, le parcours théorique de Lacan se marque des remaniements de grands concepts freudiens, avec pour perspective le traitement psychanalytique des psychoses. Or, sur cette même trajectoire, il n’est pas rare de croiser « l’ami Dalí ». Un regard, une voix, un texte, interrogent la psychanalyse et les malaises dans la civilisation d’hier et d’aujourd’hui. Lacan aura accueilli le peintre autant que « l’essayiste ». Et là, nous pourrions bien entendre un Oui ! … mais pas tout.
Albert Serra : « Dalí et le cinéma »
Les expériences cinématographiques que Salvador Dalí fit pendant les années 1960 ne sont pas comparables à celles d’autres artistes ou cinéastes. Seuls peut-être les films de Carmelo Bene peuvent être rapprochés de ceux du maître de Figueres, quant au subjectivisme détaché, égotiste et paranoïaque. De manière unique, Dalí conjugue establishment et underground. Ses films sont par ailleurs de magnifiques autoportraits où transparaît une personnalité qui, ainsi que Breton le reconnut à la fin de sa vie, tire les conséquences ultimes des principes du surréalisme.
Enric Casasses : « La langue de Dalí »
Réflexions sur la relation de Dalí avec la langue, comme écrivain et comme orateur, sur sa virtuosité d’équilibriste entre le français et le catalan, sa relation profonde et originale avec l'héritage littéraire catalan. Le nœud entre sa pensée, son dire et sa vie produit une écriture très personnelle où toutes les ressources de la rhétorique européenne sont mises au service de son génie.
Frédérique Joseph-Lowery : « Salvador Dalí, de Mae West à Salomé »
Sera examinée l’entrée au théâtre de Salvador Dali entre 1939 et 1949, soit la nature de sa collaboration avec les chorégraphes Massine, Eglevsky et les metteurs en scène Luchino Visconti et Peter Brook. A l’ombre de la peinture et de ses écrits, Dali a déployé sur les planches un aspect de sa créativité négligé de la critique et qui permet pourtant de jeter sur son œuvre entière un regard neuf, notamment en ce qui concerne sa représentation des genres.
Colloque organisé avec les commissaires de l'exposition "Dalí" (du 21 novembre au 25 mars 2013, Galerie 1) et l’Institut Ramon Llull
L’Institut Ramon Llull est une institution publique créée par les gouvernements de Catalogne et des Îles Baléares en 2002, ayant pour but de promouvoir la langue et la culture catalanes à travers l’internationalisation de ses créateurs, la diffusion des échanges artistiques et culturels et le soutien aux études de langue et de culture catalane dans le domaine universitaire.
Les mercredi 23 et jeudi 24 janvier, 14h30, Petite salle, niveau -1.
Entrée libre dans la limite des places disponibles
Renseignements :
Christine Bolron, 01 44 78 46 52, christine.bolron@centrepompidou.fr
Pour recevoir les annonces de nos soirées :
Christine Bolron, paroleaucentre@centrepompidou.fr
Quand
À partir de 14h
Où
Partenaires
En coproduction avec l'Institut Ramon Llull