Dionysiac

Dionysiac présente 14 artistes que réunit un certain goût pour l'exubérance, la radicalité, voire le mauvais goût (Paul McCarthy, Thomas Hirschhorn ou Kendell Geers pour n'en citer que quelques-uns). Si cette exposition donne à voir des oeuvres qui n'hésitent pas à revendiquer "le plaisir de la destruction ou l'exaltation de la vie jusque dans l'excès" (Christine Macel), il n'est pourtant pas certain que sa logique se résume à la dialectique érodée du spectacle et de la critique, ou encore de la subversion et de la subvention, pour reprendre les termes qu'affectionnait le philosophe Rainer Rochlitz. En ce qu'elle montre des travaux qui conjuguent les caractères festif et contestataire, on peut même se demander si elle n'en propose pas précisément le dépassement.

La journée de débats qui accompagne cette exposition se propose d'en discuter le sens en compagnie d'artistes, de critiques, de philosophes, de commissaires d'exposition et d'historiens de l'art. On s'y demandera notamment quels liens ces nouvelles formes d'expression hybrides, à la fois engagées et "libidinales", pour reprendre un vocabulaire des années 1970, entretiennent avec celles qui sont apparues dans le sillage des mouvements altermondialistes ("blacks blocks", "tute bianche"). Ce débat offrira par là même une occasion de faire le point sur un certain nombre de stratégies que l'art contemporain a pu être amené à adopter par le passé dans ses diverses formes de lutte ou d'affirmation. L'héritage du situationnisme sera ainsi particulièrement évoqué, mais aussi la postérité de mouvements artistiques tels que Fluxus, l'actionnisme ou les néo-dadas. Une "alteresthétisation" est-elle en cours ? Une table ronde réunissant des commissaires d'exposition et des artistes en débattra pour finir.

Tous les échanges de cette journée seront publiés dans un numéro spécial de la revue Corps 9 (éditions Léo Scheer).