Projection et rencontre
Le Film perdu
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige
04 avril 2024
L'événement est terminé
Lauréats du prix Marcel Duchamp en 2017, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, artistes libanais installés en France, questionnent depuis leurs débuts, la possibilité de l’image et la puissance de sa révélation.
« Certaines archives ne sont jamais totalement absentes, même s’il y a absence d’images, elles sont en latence, prêtes à ressurgir », précise Joana Hadjithomas. Les lieux de mémoire, les cinémathèques, comme les musées les accueillent alors. Mais des contextes de crises – politique, économique, tels que le Liban et combien d’autres parts du monde les connaissent aujourd’hui – viennent fragiliser cet impérieux travail de mémoire, d’histoires tenues secrètes. C’est cette vulnérabilité, cette fragilité, « la mélancolie de l’art et des musées », comme aiment la nommer Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, que les cinéastes ont choisi d’interroger à l’invitation de la Cinémathèque idéale des banlieues du monde. Se décentrer, c’est voyager dans cette zone d’intranquillité. Autour du Film perdu, réalisé en 2003, les artistes présentent Lasting Images, réalisé la même année, et un extrait de leur dernier court métrage Sarcophage aux amours ivres, présenté à la Berlinale, en janvier dernier. Au cours de cette soirée, Ils révèlent également leur nouveau projet autour des archives invisibles ou des invisibles…
En présence des cinéastes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, qui échangent avec Clément Postec et Amélie Galli, pour la Cinémathèque idéale des banlieues du monde.
Programme
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Le Film perdu - El Film el Mafkoud. Liban, France, 2003, couleur, 42 min, vostf
La copie du premier long métrage des deux réalisateurs a disparu au Yémen, le jour du dixième anniversaire de la réunification du Nord et du Sud du pays. Un an après, les réalisateurs partent sur les traces de ce film égaré. Une enquête entre Sana'a et Aden, une quête artistique autour de la représentation et du statut de faiseurs d’images dans cette partie du monde.
Suivi de :
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Lasting Images (Images rémanentes), Liban, 2003, couleur, 3 min
En 2001, l'artiste et cinéaste Khalil Joreige retrouve dans les archives de son oncle enlevé le 19 août 1985 et disparu depuis, une vieille enveloppe Kodak contenant un film super-8, Lasting images (images rémanentes). Ce film a été finalement développé par l'artiste, et transféré en vidéo. Ce que révèle cette pellicule mystérieuse s'apparente d'abord à de l'abstraction: images disparues, traces floues, évanescentes. Mais à force de travail sur l’étalonnage de ces images abîmées, craquelées, surexposées émergent progressivement une ombre, un bord de mer, un bateau au loin, quelques silhouettes fantomatiques que l’on voit soudain exister à nouveau…
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Sarcophage aux amours ivres, Liban, France, 2024, couleur, 8 min, vostf
Présenté à la Berlinale, en 2024, dans la section Forum Expanded
Projection d'un extrait du film
Aujourd'hui, au Liban, les coupures de courant ne sont pas un événement, c'est un nouvel état. Même le musée national est souvent privé d'électricité. Mais les visiteurs veulent voir, malgré tout. Armés de leurs téléphones, ils viennent visiter les traces des civilisations passées alors que leur monde s'écroule. Alors, dans l'obscurité, des ombres apparaissent et les choses s'organisent différemment, étrangement...
Quand
20h - 22h
Où
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Lasting Images, 2003
© D.R.