Une histoire du cinéma, vol 9

Quelques années plus tard, en 1974, il est contacté par Pontus Hultén, nommé en 1973 à la tête du Musée national d’art moderne, pour présenter à Paris la sélection « Essential Cinema » qui était montrée à l’Anthology à New York. C’est cette sélection qui sera reformulée et redéployée en partie, deux ans plus tard, en 1976, dans « Une histoire du cinéma »*.

La trajectoire biographique de Mekas façonne son œuvre, qui se caractérise par une approche singulière du journal filmé, qu’il pratique dès 1950, en tournant avec sa caméra Bolex 16 mm. Reminiscences of a Journey to Lithuania s’ouvre précisément sur un montage de plans tournés lors de son arrivée aux États-Unis, notamment à Brooklyn dans les années 1950-1953. Ensuite, comme son titre l’indique, Mekas retrouve sa famille lors d’un voyage en août 1971 à Seimeniškiai, son village natal en Lituanie. De ce voyage, Mekas assume le caractère particulier. Selon ses propres mots, il ne donne pas à voir la Lituanie de l’époque mais les souvenirs d’une « personne déplacée » pendant les années de guerre – une expérience structurante, dont son travail d’écriture filmique ne cessera de souligner l’aspect personnel (à l’opposé d’un témoignage historiquement objectif), le texte étant porté par sa propre voix dans la bande-son. 

Parmi les « journaux, notes et esquisses » qui constituent Reminiscences, on trouve également, dans la dernière partie du film, un séjour à Vienne en Autriche, avec quelques amis proches de Mekas. On y reconnaît particulièrement l’artiste autrichien Hermann Nitsch et le cinéaste new-yorkais Ken Jacobs ; et surtout – lors d’une visite à la maison Wittgenstein – la critique américaine Annette Michelson et le cinéaste viennois Peter Kubelka, qui seront, parmi d’autres, ses compagnons de route quelques années plus tard à Paris pendant le cycle « Une histoire du cinéma ». 

Remerciements : Pip Chodorov, Diana Vidrascu (Re:Voir, Paris)