Conférence

Planétarium #12

Avec Lawrence Abu Hamdan et Alexandre Galand

22 juin 2022

Dans le cadre de Planétarium

L'événement est terminé

Le cycle Planétarium propose d’interroger les enjeux spatiaux qui caractérisent notre époque ; pour cela il croise les paroles issues de la recherche à celles venues du champ artistique.

Cette douzième session s’interroge sur ce que le son peut nous apprendre du monde qui nous entoure ; elle réunit l’artiste Lawrence Abu Hamdan pour une performance inédite en France et l’historien Alexandre Galand, auteur de Field Recording : L'usage sonore du monde en 100 albums (2012, éditions Le mot et le Reste).

L’artiste Lawrence Abu Hamdan, dont le travail analyse régulièrement les implications politiques et sociales du son, propose une performance inédite en France, Daght Jawi: a live-audiovisual essay. De mai 2020 à mai 2021, l’artiste a tenu un journal complet du ciel au-dessus du Liban. Pendant cette période, il a collecté et filmé plus de 400 enregistrements vidéo d'avions de chasse et de drones israéliens. La présentation chronologique de ce ciel rugissant, associée à un traitement audio en direct, devient la base d'une performance sur le bruit de fond et les environnements violents. La description de Brian Eno de la musique de fond est qu'elle doit être aussi « ignorable qu'intéressante ». Cette performance nous expose à une guerre sonore qui se déroule quelque part en arrière-plan, une violence aussi ignorable que mortelle.

Grand connaisseur des sons du monde et du field recording (enregistrement de terrain), Alexandre Galand partage quant à lui ses recherches en écho aux cosmogrammes, ces dispositifs et objets que les humains créent pour ordonner et rendre compréhensibles leurs conceptions du cosmos. Il s'intéresse actuellement aux possibles « audiocosmogrammes » qui tantôt communiquent une perception unifiée de la planète, tantôt enrichissent nos modes d'écoutes et de perceptions. Selon l’historien, il s'agit peut-être dans ce dernier cas d'initier à d'autres usages sonores du monde, notamment par le biais de pratiques de collectes ethnomusicologiques et de cartographies sonores.

Cette soirée est accompagnée par l’artiste et chercheur Éric Valette qui performe une traduction en lignes, en tracés, des interventions qu'il vient ainsi prolonger en direct.

Avec le soutien de la Mao Jihong Arts Foundation.

Les intervenants :
Lawrence Abu Hamdan
Lawrence Abu Hamdan étudie les implications politiques et sociales du son à travers la production de documentaires audio et narratifs, d’installations audiovisuelles, de vidéos, de sculptures, de photographies, d’ateliers de travail et de performances. L’intérêt de l’artiste pour le son et son intersection avec la politique provient de son passé de musicien et de ses expériences dans la musique DIY.
Ses enquêtes acoustiques ont été utilisées comme preuves au Tribunal d’asile et d’immigration du Royaume-Uni et comme plaidoyer pour des organisations telles qu’Amnesty International et Defence for Children International, en collaboration avec les chercheurs du collectif Forensic Architecture.
Ses expositions personnelles incluent entre autres : Lawrence Abu Hamdan / Dirty Evidence, Bonniers Konsthall (2021) ; Green Coconuts and Other Inadmissible Evidence, Secession, Vienne (2020) ; The Voice Before the Law, Hamburger Bahnhof, Berlin (2019). Ses œuvres et performances ont été présentées dans de nombreuses institutions et manifestations internationales telles que la Kunsthalle Basel (2021) ; la 22^e Biennale de Sydney (2020) ; la 58^e Biennale de Venise (2019) ; Tate Modern, Londres (2013, 2018) ; la Biennale de Sharjah (13 & 14, 2017, 2019). Il est le co-lauréat du Turner Prize 2019. Plus récemment, le Philadelphia Museum of Art et la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo l’ont choisi pour la « Future Fields Commission in Time-Based Media » 2022.
Son travail fait actuellement l’objet d’une exposition personnelle à la galerie mor charpentier, Paris, jusqu’au 18 juin 2022.

Alexandre Galand
Alexandre Galand est né en 1979 et vit à Liège en Belgique. Docteur en histoire, art et archéologie, il est passé de l'étude de la peinture flamande du 16^esiècle à celle du field recording, de l'histoire des cabinets de curiosités ou du concept du sauvage, avec une attention aux questions d'écologie, de narration et de représentation. Il a notamment publié Field recording: l'usage sonore du monde en 100 albums (Le Mot et le Reste, 2012), Monstres et merveilles. Cabinets de curiosités à travers le temps (Seuil jeunesse, 2018), Sauvage ? (Seuil jeunesse, 2022), ainsi qu'une série d'articles, dont « Écouter dans les ruines du capitalisme » dans la revue Audimat en 2018. Il enseigne à la Haute École de la province de Liège.