Les marches de l'été
1938

Les marches de l'été
1938
Domaine | Peinture |
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Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 60 x 73 cm |
Acquisition | Achat, 1991 |
N° d'inventaire | AM 1991-138 |
Pas de reproduction
Informations détaillées
Artiste |
René Magritte
(1898, Belgique - 1967, Belgique) |
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Titre principal | Les marches de l'été |
Date de création | 1938 |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 60 x 73 cm |
Inscriptions | S.B.DR. : Magritte |
Acquisition | Achat, 1991 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1991-138 |
Analyse
Le sujet des Marches de l’été (cat. rais. II, n o 466) nous est indiqué grâce au titre que René Magritte donne, en 1948-1949, à l’une des variantes de l’œuvre, La Folie des grandeurs . La « folie » en question est celle des théoriciens de l’art qui, depuis l’Antiquité, se sont efforcés de fixer normes et proportions aux architectures, à l’espace, à la représentation du corps humain. La passion pour la régulation mathématique du monde, les aberrations auxquelles elle conduit, sont le sujet des Marches de l’été . Le torse (préparé par une série de gouaches intitulées « Stimulation objective », 1938), qui apparaît au premier plan de l’œuvre, est une combinaison de détails anatomiques empruntés à la statuaire antique, issue de ce moment historique durant lequel se met en place l’esthétique régulée d’un « canon », une norme de la beauté humaine. En organisant le chaos auquel donne lieu la somme de ces beautés normées, Magritte tourne l’ambition normative, le projet de rationalisation de la beauté, en dérision. La « folie des grandeurs », qu’il applique méthodiquement à son tableau, le conduit à soumettre à la géométrie les formes qui lui sont naturellement les plus réfractaires. Lorsque Brunelleschi avait prouvé à ses contemporains à quel point sa science de la perspective lui permettait de dupliquer les bâtiments de la place du baptistère de Florence, il n’avait été capable de représenter le ciel que par son image reflétée dans un miroir. La géométrie avouait son impuissance face au chaos des météores. Revendiquant ironiquement la « folie » normative des géomètres et des mathématiciens, René Magritte met le ciel en équation. Le tableau a été acquis directement auprès de l’artiste par le collectionneur Claude Spaak, peu après sa réalisation, en remplacement d’un autre tableau promis et finalement vendu par Magritte à un autre collectionneur. D’abord reproduit dans L’Invention collective (Bruxelles, février 1940), il illustre la couverture de L’oiseau qui n’a qu’une aile de Marcel Marïen (Anvers, 1941) et est publié par Paul Eluard dans Voir (Genève, 1948).
Didier Ottinger
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007