La Pythie
1943
La Pythie
1943
Masson a souvent insisté sur le rôle de son exil américain dans le renouvellement de son œuvre. « Là-bas, dit-il, je me suis débarrassé de la verticale. Le pays est plus cosmique que la France, par le climat, les météores, la foudre, la puissance de la terre.» Violence qu’il évoque à travers cet épisode mythologique, quand la Pythie de Delphes s’abandonne aux forces des Enfers. Stridence des couleurs, rythme des lignes, densité de matière font de cette toile un véritable poème plastique.
Domaine | Peinture |
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Technique | Huile et tempera sur toile |
Dimensions | 130,5 x 106,5 cm |
Acquisition | Achat, 1981 |
N° d'inventaire | AM 1981-21 |
Informations détaillées
Artiste |
André Masson
(1896, France - 1987, France) |
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Titre principal | La Pythie |
Date de création | 1943 |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile et tempera sur toile |
Dimensions | 130,5 x 106,5 cm |
Inscriptions | S.B.G. : André Masson |
Acquisition | Achat, 1981 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1981-21 |
Analyse
Dans son sanctuaire de Delphes, Apollon exprimait ses oracles par la bouche de sa prêtresse, la Pythie, dont il inspirait les transes. Passionné par les mythologies, André Masson savait quels points communs existaient entre sa Pythie et la poésie prônée par le surréalisme. Au moment de la période dite des « sommeils », au début des années 1920, les surréalistes, adeptes de circonstance des tables tournantes, avaient exploré les ressources d’une poésie inspirée par la « bouche d’ombre » de l’au-delà. Depuis le Portrait prémonitoire de Guillaume Apollinaire , dans lequel Giorgio De Chirico, en 1914, annonçait la blessure du poète, le principe d’une poésie dotée d’un sens auriculaire hante le surréalisme. André Breton note avec un soin maniaque chacun des signes prémonitoires de sa littérature. Au poète voyant, l’image de La Pythie d’André Masson superpose celle de la Bacchante, de la Ménade en proie à une transe dionysiaque. Le flamboiement psychédélique avant l’heure de l’œuvre transpose l’ivresse de La Pythie . Empruntant son chromatisme aux tableaux contemporains d’André Masson, qui exaltent la force tellurique du sol américain, les formes qui l’environnent aux graines qui explosent littéralement dans ce sol fécond, La Pythie doit définitivement autant à Apollon qu’à Dionysos.
Didier Ottinger
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007