Sans titre XIX
2007
Sans titre XIX
2007
Domaine | Dessin |
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Technique | Gouache sur papier |
Dimensions | 200 x 150 cm |
Acquisition | Don de Fondation d'art contemporain Daniel & Florence Guerlain, 2007 |
N° d'inventaire | AM 2007-220 |
En salle :
Informations détaillées
Artiste |
Silvia Bächli
(1956, Suisse) |
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Titre principal | Sans titre XIX |
Date de création | 2007 |
Domaine | Dessin |
Technique | Gouache sur papier |
Dimensions | 200 x 150 cm |
Inscriptions | Monogrammé et daté en bas à gauche : S.B. 07/26.4 |
Acquisition | Don de Fondation d'art contemporain Daniel & Florence Guerlain, 2007 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 2007-220 |
Analyse
L’artiste Silvia Bächli, qui se destinait au professorat en arts plastiques, est formée, à la fin des années 1970, à la Schule für Gestaltung de Bâle. Dans cette célèbre école d’arts appliqués, l’enseignement, fondé sur les traditions du Bauhaus, suit des règles très strictes. Parallèlement, elle travaille intensément chez elle et expérimente différentes techniques graphiques. Parmi les rares œuvres conservées de cette période de formation figure le dessin Spirale, de 1979, présenté pour la première fois lors de l’exposition de l’artiste au Centre Pompidou en 2007. Ce grand format, réalisé sur un papier grossier de type kraft, à la gouache et aux crayons de couleur – rare œuvre de l’artiste où la couleur joue un rôle aussi important –, témoigne de la spontanéité et de l’énergie qui caractérisent sa démarche. Silvia Bächli dit avoir été inspirée par la série des peintures noires de Frank Stella des années 1958-1960 (dont Morro Castle, 1958, conservé au Kunstmuseum de Bâle depuis 1974) : y sont associées de larges bandes de couleur noire, entrecoupées de minces filets de couleur. Une autre source d’inspiration peut être trouvée dans les Cibles de Jasper Johns.
Au début des années 1980, visages, figures de femmes, mains, pieds, mais également schèmes abstraits font leur apparition, d’abord dans des carnets, ensuite sur des feuilles libres, de format, de texture et de tonalité différents, qu’elle présente isolées ou réunies en ensembles construits. Depuis 1984, elle procède à des installations murales qui peuvent compter plus de cinquante dessins : « Les dessins sont comme des sculptures, avance-t-elle, ils se projettent à des distances variées dans l’espace dans lequel nous nous trouvons. Les murs blancs, l’espace même font partie intégrante du champ pictural. » Comme pour Karola, 1997, ensemble de vingt et un dessins installé pour la première fois à la galerie Nelson en 1997, le dispositif et le format de ces installations sont fixés lors de la première présentation. Le blanc des murs ne sépare jamais les images mais les relie, créant une vaste ambiance organique, modulée par des variations quasi physiques données par l’épaisseur de la ligne, son effacement, son hésitation… L’intensité des associations est articulée par la distance entre les feuilles, distance qui a la même fonction que le silence en poésie ou la pause en musique. Jamais narratifs, les dessins semblent les bribes d’un discours amnésique, un récit amputé des éléments nécessaires à sa compréhension, les éléments d’une langue perdue dont il ne resterait que quelques signes.
Sans doute pour rompre avec l’aspect de journal intime féminin donné par les feuilles de petit format, Bächli adopte un nouveau papier, plus grand, à la fin des années 1990 (apparus plus tôt, des grands formats, exécutés à l’acrylique, étaient plus des peintures sur papier que des dessins). L’utilisation, à partir de 1998, de papiers épais et de formats plus importants (200 x 150 cm), sur lesquels elle dessine à la gouache, apporte à son travail une monumentalité nouvelle, manifeste dans la série Floréal, qui évoque une étrange flore aquatique et minérale, dans celle des Lignes, initiée en 2001, et dans leur suite, dont relève Sans titre XIX, 2007. Tracés horizontalement, le papier placé au sol, les très longs traits sont conduits en un seul mouvement couvrant parfois les deux mètres de la longueur du papier, sans arrêt ni reprise. Il est physiquement impossible à l’artiste de créer un tracé plus long sans bouger et sans « casser » la ligne : le corps – le sien en l’occurrence – est ainsi fortement sollicité et présent dans ces dessins purement abstraits. Sans titre XIX, montre des lignes parallèles qui se frôlent, qui varient en densité dans une gamme modulée de gris et de noirs. Débutées en un point donné, vers le centre de la feuille, elles se terminent sur son bord supérieur, le geste étant répété plusieurs fois, régulier ou plus libre. Silvia Bächli réussit à donner un caractère organique à ses derniers dessins, par le seul jeu – infime – de variation et de mouvement de la ligne, et par l’intensité de la gouache.
Jonas Storsve
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008