Sculpture
[1921]
Sculpture
[1921]
« Une forme architecturale capable de conjuguer les valeurs de la technologie et la force vitale de l'art primitif.» (Herbin)
De 1918 à 1921, Auguste Herbin, sous l'impulsion de son marchand Léonce Rosenberg, s'engage dans un art abstrait géométrique avec des œuvres radicalement nouvelles. De caractère monumental et oriental, ses bois polychromes réunissent peinture et architecture. Dans ce double-face inspiré de Tlaloc, dieu de la pluie du Mexique précolombien, le dialogue des cylindres, parallélogrammes, croix et losanges agit comme «des équivalences de la dimension spirituelle de la modernité ».
Domaine | Sculpture |
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Technique | Bois polychromé |
Dimensions | 46 x 28,8 x 29 cm |
Acquisition | Achat, 1978 |
N° d'inventaire | AM 1978-21 |
En salle :
Musée - Niveau 5 - Salle 16 : Theo Van Doesburg / Chris Ware
Informations détaillées
Artiste |
Auguste Herbin
(1882, France - 1960, France) |
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Titre principal | Sculpture |
Date de création | [1921] |
Domaine | Sculpture |
Technique | Bois polychromé |
Dimensions | 46 x 28,8 x 29 cm |
Acquisition | Achat, 1978 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1978-21 |
Analyse
Autodidacte, d’origine prolétaire, Herbin, formé à l’École des Beaux-Arts de Lille en 1899, aborde la peinture à la fin du néo-impressionnisme, avant de s’installer à Paris où, en 1902, il commence à vendre ses tableaux au père Soulier, puis à Wilhelm Uhde et Clovis Sagot. Il expose au Salon des Indépendants à partir de 1906. En 1909, il s’installe au Bateau-Lavoir non loin de Picasso et découvre le cubisme, puis l’abstraction à travers les écrits de Van Doesburg, en 1920. Ses premiers essais dans cette nouvelle voie, des tableaux-totems au format découpé, sont liés à un programme d’art décoratif à l’initiative de son marchand, Léonce Rosenberg, qui l’expose régulièrement entre 1916 et 1922 : ce dernier lui commande fauteuils, paravents et papier à lettre pour l’installation de son bureau à la galerie de l’Effort moderne. À compter de novembre 1920, Herbin, pour une exposition en mars 1921, met en chantier avec un menuisier une dizaine d’objets en bois peint, à partir de dessins élaborés dans un carnet au cours de l’été à Céret. Selon Giovanni Lista : « On peut considérer les deux premières œuvres en bois peint de 1920, appelées Relief polychrome et Sculpture polychrome , comme des trumeaux destinés à une commode ou à une cheminée, c’est-à-dire des ouvrages de décoration au même titre que le Relief polychrome au miroir de l’année suivante » (« La sculpto-peinture d’Herbin », cat. exp., Céret, 1994, op. cit. , p. 87). Jusqu’en mai 1921, il se livre à d’autres expérimentations : fresques portatives peintes à l’œuf sur ciment. Il envisage même une production céramique. Le discours que tient Rosenberg au marchand Alfred Flechtheim et au collectionneur américain John Quinn a tôt fait de déconsidérer Herbin : « Je vous dirai même qu’il ne fait presque plus de tableaux mais uniquement des constructions architecturées, sculptées et peintes par lui-même. Il est le premier qui ait fait du cubisme un art véritablement plastique, et de lui peut partir tout un art monumental, comme au temps des Perses, des Égyptiens et des Grecs. » (lettre de Rosenberg à Quinn, 10 février 1921, citée par C. Derouet, « Un partenariat difficile : Auguste Herbin et Léonce Rosenberg », ibid. , note 9, p. 68). Alarmé par une critique acerbe qui ridiculise les trop symétriques sculptures, Rosenberg engage le peintre à les reprendre et lui impose pour quelques années un retour à une sage figuration. Sculpture (cat. rais. n° 430), réalisée la même année que le Relief polychrome du Musée et Sculpture polychrome du Musée de Grenoble (M.G.42-78), fit partie des collections de la galerie de l’Effort moderne (stock n° 4658) avant de rejoindre la collection strasbourgeoise du docteur Alfred Lickteig, mentionnée dans la monographie d’Anatole Jakovski, qui reproduit la sculpture sous le titre Bois sculpté à la date de 1920 ( Auguste Herbin , Éd. Abstraction-Création, 1933, p. 25).
Christian Derouet
Source :
Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007