Autoportrait
[1931]
Autoportrait
[1931]
Domaine | Peinture |
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Technique | Huile sur bois |
Dimensions | 22 x 16,2 cm |
Acquisition | Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner, 1986 |
N° d'inventaire | AM 1987-1196 |
En salle :
Pas de reproduction
Informations détaillées
Artiste |
Victor Brauner
(1903, Royaume de Roumanie - 1966, France) |
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Titre principal | Autoportrait |
Date de création | [1931] |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile sur bois |
Dimensions | 22 x 16,2 cm |
Acquisition | Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner, 1986 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1987-1196 |
Analyse
Peinte à Paris, lors du second séjour de l’artiste (1930-1935), cette œuvre occupe une place symbolique dans la vie et la création de Victor Brauner, annonçant l’accident qui le frappa lors d’une rixe entre Óscar Domínguez et Esteban Francès, dans la nuit du 27 au 28 août 1938, et qui le priva définitivement de son œil gauche (l’œil droit dans le tableau). Cette prémonition inscrit d’emblée Brauner, avant son adhésion au surréalisme à l’automne de 1933, dans l’histoire du « hasard objectif » du groupe de Breton. Pierre Mabille, qui lui prodigua des soins après son accident, consacre à cet épisode un article, « L’œil du peintre » (Minotaure , n° 12-13, juin 1939, p. 53-56). Il présente Autoportrait (fig. I, repr. p. 53) comme le premier d’un ensemble de tableaux prophétiques, dont Paysage méditerranéen (1932, AM 1987-1197) où une lance ornée de la lettre D désignait par hasard Óscar Domínguez. Obsession partagée au même moment avec Giacometti, Bataille, etc., le thème de l’œil est très présent dans plusieurs tableaux et dessins de Brauner des années 1930, associé à la mutilation et au surgissement violent de cornes se substituant aux yeux. Le petit format sur bois souligne le caractère intimiste de ce portrait que Brauner considérait comme un « document ». À la fin de l’année 1944, l’artiste revient sur son énucléation et compose un dossier intitulé « “Le cas” Victor Brauner », seul corpus de ses écrits constitué par le peintre, sans doute en vue d’une publication (Victor Brauner, Écrits et correspondances, op. cit. , p. 30-43). La même année, Juan Larrea consacre une étude à cet accident, qui paraît dans El Surrealismo entre Viejo y Nuevo Mundo (Mexico, Cuadernos americanos, 1944) et reproduit cet autoportrait (fig. 1). Ce tableau, que Brauner garda toute sa vie dans son atelier, a d’abord été exposé en 1965 lors de la première rétrospective de l’artiste (Vienne, Hanovre, Hagen et Amsterdam ; cat. n° 6, repr. cat. Vienne, p. 9), puis lors de celle organisée en France par Dominique Bozo, en 1972 au Mnam (op. cit. , cat. n° 7). Il ouvre une « grande brèche cyclopéenne » dans l’œuvre et la vie du peintre, pour qui les « deux événements capitaux » furent son accident à l’œil et la guerre.
Camille Morando
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007