Un jour ici ou là
1991
Un jour ici ou là
1991
Domaine | Dessin |
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Technique | Lavis d'encre et lettres de résine collées sur papier |
Dimensions | 62,7 x 90 x 1 cm |
Acquisition | Achat, 1995 |
N° d'inventaire | AM 1995-291 |
Informations détaillées
Artiste |
Richard Baquié
(1952, France - 1996, France) |
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Titre principal | Un jour ici ou là |
Date de création | 1991 |
Domaine | Dessin |
Technique | Lavis d'encre et lettres de résine collées sur papier |
Dimensions | 62,7 x 90 x 1 cm |
Inscriptions | Daté au verso, au crayon : "91". Non signé. Cacheté au verso en bas à gauche : RICHARD BAQUIE / ATELIER |
Acquisition | Achat, 1995 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1995-291 |
Analyse
Richard Baquié, disparu prématurément, était l’un des jeunes sculpteurs français les plus doués de sa génération. On l’a rapproché du Rauschenberg des Combine et du Duchamp d’ Étant donnés . Ce créateur de machines bricolées, au dispositif pluriel et aux médias variés – consistant en un assemblage de matériaux de récupération (des voitures le plus souvent), dans lequel interviennent des textes, au travers de fenêtres, ainsi que des éléments naturels comme l’eau et la glace –, se défend de tout formalisme ou de tout esthétisme. Mots et sculpture établissent chez lui une relation immédiate, efficace, mécanique, d’équivalence, qui fonde un « monument » de mémoire, un sanctuaire où entrent non seulement en jeu le temps et l’espace, mais également le rêve et la passion : ainsi le mélancolique Autrefois il prenait le train pour travestir son inquiétude en lassitude , 1984 (MNAM).
Comme ses sculptures, son œuvre sur papier, qui occupe une place importante dans son travail, est souvent porteur de mots, de phrases. Ce sont parfois des travaux préparatoires à des sculptures – c’est le cas d’ Amore et d’ Amore mio (1984, MNAM) –, parfois des œuvres autonomes, comme Un jour ici ou là. S’il y traite le papier de façon plutôt classique – utilisation de l’encre noire, division horizontale de la feuille en deux parties formant « paysage » –, Baquié garde une pratique de sculpteur en collant sur le papier des lettres en plastique, qui font relief : « un jour ici ou » se détache dans la partie haute, sombre, tandis que « là » termine la phrase dans la partie basse, blanche, de la feuille. La monumentalité de ce simple dispositif, à l’efficace immédiate, se charge d’une secrète émotion : en distinguant et en opposant ainsi les espaces de l’« ici » et du « là », que relient presque dramatiquement les coulées noires de l’encre, Baquié commence un récit qu’il ne terminera plus, et qui restera à jamais en suspens. L’œuvre est constat d’une disparition annoncée, elle a la mélancolie d’un ultime message.
Jonas Storsve
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008