Composition
[1955 - 1960]
Composition
[1955 - 1960]
Domaine | Dessin |
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Technique | Mine graphite et gouache sur papier |
Dimensions | 28,9 x 25,2 cm |
Acquisition | Don de anonyme, 1983 |
N° d'inventaire | AM 1983-129 |
Informations détaillées
Artiste |
Geer van Velde
(1898, Pays-Bas - 1977, France) |
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Titre principal | Composition |
Date de création | [1955 - 1960] |
Domaine | Dessin |
Technique | Mine graphite et gouache sur papier |
Dimensions | 28,9 x 25,2 cm |
Inscriptions | Monogrammé au crayon en bas à droite : B / Non daté |
Acquisition | Don de anonyme, 1983 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1983-129 |
Analyse
La lumière solaire, « celle qui brise la couleur » : depuis le choc reçu au contact du paysage méditerranéen, le Nordique Geer van Velde n’aura de cesse de tenter d’en capter les pouvoirs physiques et émotionnels, de poursuivre ceux-ci tout au long de sa production sur papier et sur toile. Après une première période parisienne commencée en 1925, année où il rejoint Bram, son frère aîné, il s’installe à partir de 1938 sur la Côte d’Azur, à Cagnes-sur-Mer. Fasciné, comme Klee l’avait été lors de ses séjours tunisiens quelque vingt-cinq ans plus tôt, par la lumière incandescente du Sud qui brise les formes pour les dissoudre en prismes colorés, il multiplie les vues du paysage qui s’offre à lui depuis une porte-fenêtre ouvrant largement sur l’extérieur. À la différence de son voisin Pierre Bonnard, qu’il admire et fréquente régulièrement à cette époque, il privilégie les formes angulaires dont la géométrie oblique traduit sans doute l’influence diffuse du cubisme d’un Jacques Villon ; cette géométrie reste cependant toujours tempérée par un graphisme sensible, sollicitant le crayon gras, le fusain ou l’encre. Resserrée par deux cadres successifs – procédé que van Velde exploite pour concentrer sa vision –, Composition focalise le regard sur un petit rectangle d’un bleu intense, qui, économie remarquable, suffit à suggérer l’immensité de la mer qui s’étend au-delà d’une balustrade à croisillons. Les différentes formes, que l’œil s’épuise à reconnaître, se découpent sur un fond gris-bleu qui confère une dimension presque picturale à cette feuille. À peu près contemporaine, l’ Étude pour Méditerranée, réalisée dans le nouvel atelier de van Velde à Cachan en vue d’une peinture de grand format qui clôt la période de Cagnes-sur-Mer (1946, coll. part.), offre le dispositif quasiment opposé : la forte structure graphique affirmée à la gouache noire évide l’espace central, repoussant la couleur – le gris-bleu lumineux cher à Geer van Velde – sur les bords de la composition ainsi réencadrée. Les exigences de la grille géométrique ne font pas oublier cependant les sources figuratives : restent visibles les ferronneries du balcon surplombant la mer, le dos d’un fauteuil et le profil d’une voile de navire.
Les tentations purement abstraites de Geer van Velde, apparues au cours des années passées dans le Midi et développées à Cachan (où le peintre travaille désor-mais), infléchiront son travail au cours des années 1950, dans une suite de déclinaisons subtilement colorées qui se cherchent intimement sur le papier. Retrouvée, la lumière du Nord le confirme dans son choix de couleurs atténuées où dominent les bleus éteints, les roses ou les mauves, captés par des plans orthogonaux qui jouent comme des réflecteurs d’une lumière feutrée, fragile, presque laiteuse. Fonctionnant comme un huis clos, l’atelier, où l’artiste s’est mis volontairement en retrait, devient le thème principal de son étude. Sans jamais atteindre l’abstraction totale de Mondrian, qu’il découvre alors, Geer van Velde y touche de près dans ses gouaches : le sujet éventuel ne se laisse plus appréhender qu’à travers un éclatement de plans sommaires – triangles, carrés, rectangles –, suggérés par des surfaces chromatiques ou des aplats de gouache immaculée. Émotionnelle, la vision relève d’un équilibre subtil entre achèvement et inachèvement, toute commandée par cette recherche de pureté sereine et méditative qui la définit.
Christian Briend
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
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