Crest n° 2 (Blason n°2)
2005
Crest n° 2
(Blason n°2)
2005
Domaine | Dessin |
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Technique | Fusain sur papier calque |
Dimensions | 137,6 x 83 cm |
Acquisition | Achat, 2005 |
N° d'inventaire | AM 2005-220 |
Informations détaillées
Artiste |
Chloe Piene
(1972, États-Unis) |
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Titre principal | Crest n° 2 (Blason n°2) |
Date de création | 2005 |
Domaine | Dessin |
Technique | Fusain sur papier calque |
Dimensions | 137,6 x 83 cm |
Inscriptions | Non signé, non daté |
Acquisition | Achat, 2005 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 2005-220 |
Analyse
« Quand je dessine, je me perds, je me perds réellement moi-même, si bien que le dessin me submerge complètement. Quand ça arrive, tout sens d’une histoire, ou des caractères – dont le mien – se perd. Même chose dans le mosh pit. Ou quand j’ai un orgasme, je suis pratiquement aveugle » , confie la jeune Américaine à l’occasion de son exposition à la Kunsthalle de Berne en 2004. L’état d’excès émotionnel dans lequel se met cette jeune dessinatrice est proche de celui avec lequel elle joue dans ses performances : le dessin et la vidéo sont le lieu d’une investigation du corps – le sien – que, fascinée par les états intermittents d’étrangeté, d’obscurité et d’aveuglement, elle considère comme un « tremplin pour l’imagination » et dont elle entend explorer la complexité, la profondeur, le mystère enfin.
Une figure dématérialisée, entre physique et non physique, presque virtuelle, se déploie, flottante, ouverte, nouée par endroits, au centre vide de la feuille, sorte de dentelle squelettique tracée à la pointe du fusain le plus fin. C’est le processus de désagrégation viscérale, morbide, qui est donné à voir, de déploiement – en ondes tremblantes, en réseaux de résonance – de ces zones de sensibilité que sont les connexions entre peau, os et nerfs. Une anatomie spectrale, cristalline, se forme et se déforme dans un mouvement parcellaire et tremblé, comme vu à la loupe. L’emploi de papier calque, glacé, transparent, ajoute encore à l’implacabilité de ses sortes de relevés graphiques, comme produits par le sismographe.
L’expression corporelle, froide, théâtralisée de Chloe Piene ne manquera pas d’être rapprochée de celle d’Egon Schiele ou d’Antonin Artaud : elle tient du symbolisme et du romantisme noir, de l’expressionnisme le plus exacerbé, encore renforcé par le choix très classique du crayon ou du fusain noir, dont le tracé marque un certain maniérisme. C’est là un des paradoxes de son travail, nourri de références à l’histoire de l’art (Chloe Piene est la fille du peintre allemand Otto Piene et d’une mère historienne d’art) mais porté, comme nombre d’œuvres d’artistes plasticiennes de sa génération, sur l’investigation de la sexualité.
Agnès de la Beaumelle
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
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