Gaberndorf IV
1916
Gaberndorf IV
1916
Domaine | Dessin |
---|---|
Technique | Encre de Chine sur papier |
Dimensions | 24 x 30,3 cm |
Acquisition | Achat de l'Etat, 1974. Attribution au Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle , 1974 |
N° d'inventaire | AM 1974-22 |
Informations détaillées
Artiste |
Lyonel Feininger
(1871, États-Unis - 1956, États-Unis) |
---|---|
Titre principal | Gaberndorf IV |
Date de création | 1916 |
Domaine | Dessin |
Technique | Encre de Chine sur papier |
Dimensions | 24 x 30,3 cm |
Inscriptions | Signé en bas à gauche : Feininger. Titré en bas au centre : Gaberndorf IV. Daté en bas à droite : Dienstag d. 11. April 1916 |
Acquisition | Achat de l'Etat, 1974. Attribution au Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle , 1974 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1974-22 |
Analyse
Dans ce dessin, Feininger représente moins l’église du village de Gaberndorf que la vue qu’il en a peinte en 1915 : il lui donne l’allure d’une vignette encadrée d’un filet noir, l’intitule et la date avec la précision adoptée par Paul Klee pour ses propres dessins. Il pratique pour le rendu des sombres et des clairs un tracé croisé qui rappelle celui d’Alfred Kubin, qu’il avait rencontré à Munich, ainsi que Klee. Le mouvement qui tourmente la forme élancée du clocher évoque les Tour Eiffel de Robert Delaunay – seule participation parisienne d’importance à l’exposition fondatrice du Blaue Reiter, en 1911.
En 1916, Feininger est encore un artiste en devenir. Il s’est d’abord investi dans l’illustration, puis dans la caricature, notamment avec la revue Le Témoin. En 1906-1908, il est un des peintres allemands qui font cercle autour de Julius Pascin au café du Dôme à Montparnasse. De son passage à l’académie Colarossi, il emporte des pochades des tours de Notre-Dame, des scènes parisiennes, des représentations surdimensionnées des viaducs de Meudon et d’Arcueil. Puis il sacrifie à la gravure sur bois, remise à la mode par les peintres expressionnistes de la Brücke. En 1913, il expose au premier Salon d’automne ouvert à Berlin par la galerie et la revue Der Sturm, de Herwarth Walden, qui lui organise sa première exposition particulière en 1917.
En 1918 et 1919, Feininger rejoint le mouvement progressiste Arbeitsrat für Kunst, où il rencontre Gropius, qui lui commande un grand bois – la « Cathédrale » – pour illustrer le programme de rénovation de l’école des arts appliqués de Weimar. Dès lors, Feininger lie son destin au Bauhaus : en 1921, il rejoint le corps enseignant et est nommé « maître de forme » à l’atelier de gravure. Après l’arrivée de Moholy-Nagy, le slogan adopté par l’école, « Art et technique – une unité nouvelle », précipite la mutation de l’enseignement vers le mur sans décor et sans peintures. Troublé par ce nouvel iconoclasme, Feininger partage une des Meisterhaus [maison des maîtres] avec les Moholy-Nagy à Dessau, en 1926, mais se décharge de tout enseignement. Isolé, il se concentre sur deux thèmes obsessionnels (les plages blanches de la Baltique et l’église d’un village de Thuringe, Gelmeroda), synthétisant en une condensation idiosyncratique l’univers du peintre romantique Caspar David Friedrich et la projection cristalline du cubisme tardif.
Christian Derouet
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008