Gravitation
[1989]
Gravitation
[1989]
Domaine | Dessin |
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Technique | Encre de Chine sur une feuille de papier fait main, découpée et superposée à une seconde feuille, suspendues ensemble par de la ficelle |
Acquisition | Achat, 1992 |
N° d'inventaire | AM 1992-90 |
Pas de reproduction
Informations détaillées
Artiste |
Eduardo Chillida
(1924, Espagne - 2002, Espagne) |
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Titre principal | Gravitation |
Date de création | [1989] |
Domaine | Dessin |
Technique | Encre de Chine sur une feuille de papier fait main, découpée et superposée à une seconde feuille, suspendues ensemble par de la ficelle |
Inscriptions | Signé en bas à droite : Chillida |
Acquisition | Achat, 1992 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1992-90 |
Analyse
Chillida commence en 1943 des études d’architecture, qu’il abandonne rapidement pour la sculpture, le dessin et la gravure. À partir de 1950, il conçoit une sculpture totalement abstraite, de plus en plus épurée, de volumes cubiques découpés, qui deviendront des structures élémentaires « ouvertes » et autonomes.
Le dessin chez Chillida relève d’un travail de sculpture du papier : par la pratique du collage et du découpage, l’artiste élabore concrètement une profondeur en juxtaposant plusieurs feuilles qu’il suspend. Le papier amate, particulièrement épais et lourd, a une main et une texture tellement imposantes qu’il devient véritable matière, équivalent de la pierre, de la terre, du bronze ou du fer.
Le thème des Gravitations est récurrent dans l’œuvre de Chillida, qui l’aborde très tôt pour le développer plus systématiquement dans les années 1985-1990. Le terme est emprunté au vocabulaire de la physique newtonienne sur les champs magnétiques – « gravitation = deux corps qui s’attirent avec une force proportionnelle au carré de la distance » – et son usage peut paraître impropre ou quelque peu paradoxal : associer l’idée de masse et de distance à un support aussi fragile que le papier est pour le moins inattendu. Chillida se réfère en fait non seulement à la gravitation des deux corps que sont les feuilles de papier, mais également au processus de fabrication du papier pur chiffon, dont la pâte a été obtenue par broyage au marteau de bois de tissus immergés dans l’eau. Il poursuit son travail de sculpture en taillant avec la lame et en dessinant avec l’encre la ligne qui structure la composition. La succession de feuilles qui ne tiennent qu’à un fil laisse vibrer l’espace, sans cesse renouvelé par le vide. Cette conception de la sculpture s’inscrit dans la grande tradition de l’art plastique moderne et prolonge le travail amorcé par Pevsner, Giacometti et Moore.
L’intervention physique et la dextérité manuelle dans le travail du papier, pris comme matériau à sculpter, rendent plus évidentes encore la relation d’un corps à son environnement, sa soumission aux données d’espace, de pesanteur et de temps. Chillida développe la question de la fonction du spectateur vis-à-vis de ce qui l’entoure, et souligne les qualités proprement physiques du corps face au monde.
Claire Stoullig
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008