Atmosphère chromoplastique n° 287

Méditant la leçon formelle de Mondrian, mais aussi les investigations de l’impressionnisme sur la couleur, l’artiste argentin Luis Tomasello, installé à Paris depuis 1957 et soutenu par la galerie Denise René à Paris et à New York depuis les années 1960, a élaboré une recherche dont l’objectif – faire apparaître les effets de l’incidence de la lumière sur une surface blanche et de sa réflexion sur des zones colorées – est assuré par la construction sérielle de reliefs de bois, dont la surface est ponctuée de petits cubes, insérés dans le plan par l’une de leurs arêtes et colorés sur leurs faces non directement visibles. La couleur, frappée par les rayons lumineux, n’est donc plus perçue que grâce à sa réflexion sur la surface blanche du tableau. C’est sa vibration qui est saisie et diffusée sur l’œuvre dont la rigueur géométrique s’absorbe dans cette irradiation. L’apparence du tableau varie selon l’intensité et l’angle d’incidence des rayons lumineux mais aussi selon la position du spectateur, et est donc en instabilité permanente. Ainsi que l’écrit à ce sujet son ami l’écrivain Julio Cortázar : « La complicité subtile et comme désinvolte de Luis Tomasello s’amuse à ordonner le désordonné, à peigner minutieusement la chevelure de la lumière, mais sous cette discipline, il y a le plaisir de libérer, en toute rigueur géométrique et plastique, quelque chose comme les émotions de la matière, son murmure bleu ou orange. Et cela sans besoin du mouvement ou de la stimulation de sources externes ; comme en n’importe quelle rencontre fortuite et heureuse d’éléments favorables, il suffit que la lumière parvienne à ces niches, à ces ruches apparemment froides et austères pour qu’un tremblement de vie se répande dans l’espace environnant et l’entraîne dans sa danse irrésistible » (cat. exp., Paris, 1976, op. cit. ). Atmosphère chromoplastique n o 287 est l’une des cinq œuvres de l’artiste conservées dans la collection du Musée, avec d’autres reliefs cinétiques comme Réflexion n o 17 (1959, AM 1990-224, achat de 1990), Réflexion n o 74 (1961, AM 2004-406, achat à l’artiste en 2004), Atmosphère chromoplastique n o 659 ( Hommage à Mondrian ) (1978, AM 2004-162, achat en 2004), et Objet plastique n o 686 (1990, AM 1990-225, achat en 1990).

Jean-Paul Ameline

Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007