Sans titre (MLZ 2546/00)
1992
Sans titre (MLZ 2546/00)
1992
Domaine | Dessin |
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Technique | Huile et gouache sur papier |
Dimensions | 70 x 99 cm |
Acquisition | Don de Mme Jeanne-Marie de Broglie et Dr Helmut Röschinger, 2000 |
N° d'inventaire | AM 2000-59 |
Informations détaillées
Artiste |
Markus Lüpertz
(1941, République tchèque) |
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Titre principal | Sans titre (MLZ 2546/00) |
Date de création | 1992 |
Domaine | Dessin |
Technique | Huile et gouache sur papier |
Stade de la creation | Esquisse pour "Exekution" |
Dimensions | 70 x 99 cm |
Inscriptions | Monogrammé au crayon en bas à droite, non daté |
Acquisition | Don de Mme Jeanne-Marie de Broglie et Dr Helmut Röschinger, 2000 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 2000-59 |
Analyse
Quatorze grandes gouaches, parfois enrichies à l’huile et au crayon gras, ont préparé la réalisation du monumental tableau Exekution (1992), qui fait partie de la collection du Musée. Le don d’onze pièces de cet ensemble impressionnant permet de suivre le cheminement de Lüpertz, qui, avant de parvenir au dépouillement tragique de la version finale, a exploré différentes variantes de fonds, de gammes de couleurs, de densité de facture et d’expressivité de trait. Si, de l’une à l’autre, le motif du peloton d’exécution reste inchangé et identifiable, chaque feuille propose un nouveau degré d’abstraction, depuis un graphisme presque naturaliste jusqu’à une dissolution des figures dans le fond chromatique. Réalisé au moment de la guerre en ex-Yougoslavie, ce groupe d’œuvres a été conçu à partir d’une photo de presse montrant l’exécution, vraisemblablement mise en scène après la Seconde Guerre mondiale, d’un déserteur par la Wehrmacht : Lüpertz reprend à son compte le genre de la grande peinture d’histoire. Cependant, contrairement à Goya, Manet ou encore Picasso, il ne cherche pas à représenter un événement historique singulier – à le magnifier par une vision pathétique –, mais à transfigurer cette exécution militaire en allégorie intemporelle d’une mise à mort, laquelle, selon les variantes, pourrait endosser un caractère sacré, cosmique ou irréel. Au fil des différentes versions, il fait varier le sens pour renforcer la dimension fictionnelle et onirique de cette mise en scène d’une fausse exécution. Ainsi, sur un dessin en grisaille, une grande croix noire relie la victime à ses bourreaux, alors que, sur plusieurs gouaches, un stigmate apparaît dans la main gauche du déserteur. Entourés d’un faisceau d’éclairs colorés et de rayons de soleil, les membres du peloton, dont les corps ont fusionné avec leurs attributs militaires, paraissent comme animés par une force cosmique. Derrière les losanges verts, rouges et orangés flottant sur la surface d’un autre dessin, ce même peloton s’anime comme par un pas de danse d’une légèreté cruelle : à chaque fois, face à une machine de mort sans visage, la terreur reste intacte.
Angela Lampe
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
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Bibliographie
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