Palpebra (Paupière)
1989
Palpebra
(Paupière)
1989
Domaine | Peinture |
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Technique | Fusain fixé sur toile préparée à l'acrylique |
Dimensions | 218 x 714 cm |
Acquisition | Don de la Clarence Westbury Foundation |
N° d'inventaire | AM 2005-175 |
Informations détaillées
Artiste |
Giuseppe Penone
(1947, Italie) |
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Titre principal | Palpebra (Paupière) |
Date de création | 1989 |
Domaine | Peinture |
Technique | Fusain fixé sur toile préparée à l'acrylique |
Dimensions | 218 x 714 cm |
Acquisition | Don de la Clarence Westbury Foundation |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Contemporain |
N° d'inventaire | AM 2005-175 |
Analyse
Dans les années 1970, outre le livre Développer sa peau ( Svolgere la propria pelle , 1971) dans lequel il recense, en 608 clichés, la surface de sa peau pressée sur un morceau de verre, Penone commence à dessiner des détails de son épiderme, agrandis et projetés sur un mur, des fenêtres ou des portes, après en avoir prélevé l’empreinte avec des bandes adhésives ou en appliquant de la colle afin d’obtenir une sorte de moulage. « L’empreinte, c’est une chose que tout le monde dépose autour de soi, et que l’on passe une partie de sa vie à tenter d’effacer – la société nettoie l’espace, comme pour le préparer à recevoir perpétuellement de nouvelles empreintes. C’est une image animale, une image de la matière, mais c’est aussi une image complètement culturelle. Prendre cette image et en faire une œuvre m’intéressait au même titre que ce que j’avais entrepris à partir du souffle : il y a un automatisme de la forme, et c’est un principe de la sculpture. » En recopiant fidèlement la trame démesurément agrandie de sa paupière, Penone, comme dans un paysage, se promène dans un corps réduit à des signes qui renvoient à une nature organique, plus inquiétante que sensuelle. Par le simple relevé du délinéament de l’empreinte, Penone invite le spectateur à une « immersion tactile ».
Caroline Edde
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007
Analyse
Un « enregistrement graphique » : tel est le travail de dessinateur de Penone, dont l’œuvre relève, pour l’essentiel, d’une pratique de l’empreinte et d’une tentative pour rendre visibles les processus organiques naturels. L’œil, qui est un de ses motifs de prédilection, y occupe une place fondamentale dès l’origine : dans l’action de 1970 Rovesciare i propri occhi , où il pose des lentilles-miroirs sur ses yeux, Penone définit la vision comme reflet du monde. L’artiste, aveuglé par les lentilles, affirme le primat du toucher sur la vue, mais aussi la fonction de médiation de son propre corps, qui offre au spectateur une surface réfléchissante, c’est-à-dire un paysage. La paupière – la peau de sa propre paupière – va être le terrain, et le symbole, de sa relation à la nature. Après le livre Svolgere la propria pelle (1971), qui recense 608 clichés de la surface de son épiderme, pressé sur un morceau de verre, il effectue en 1973 les premières pressions de sa paupière : « Si l’on presse avec une obstination croissante la peau de sa paupière contre l’air, épaisseurs, sillons et protubérances deviennent déchiffrables, comme si une quantité infinie d’épingles invisibles se concentraient sur cette peau qui s’entrouvre pour protéger l’œil. Alors la lumière filtre à travers ce rideau, et la lumière permet à l’œil exercé d’entrevoir des points particuliers, rendus sensibles par la pression de l’air » (1974). Écran intermédiaire entre l’œil et le monde extérieur, cette feuille de peau, lorsqu’elle aveugle, se constitue en surface imageante, qui enregistre des micro-phénomènes naturels. En 1976, Penone procède à ses premières empreintes de paupière sur des papiers de soie grandeur nature, les Palpebre , qui sont des moulages.
En 1978, le « développement » de l’empreinte de sa paupière, placée entre deux lamelles de verre, par projection et agrandissement sur de grandes feuilles de papier collées aux murs, permet à Penone de reporter points par points, au fusain, la trame agrandie de ce paysage intérieur : ces paupières de géant font apparaître une sorte d’espace cosmique, à la fois végétal, minéral et fluide, fait de réseaux, fibrilles, entrelacs, nœuds, aiguilles, épines. Au flux organique de cette prolifération répond l’énergie de la coulée grouillante des points et des lignes charbonneuses du fusain (la transposition sur toile est exceptionnelle, justifiée par l’extrême fragilité des papiers). Penone continuera encore à exploiter l’écart entre la vision externe, lilliputienne, du spectateur et la vision close, gullivérienne, de l’artiste, en exacerbant encore « l’immersion tactile » que constituent ces empreintes de peaux par une mosaïque de Palpebre (installation de vingt-deux dessins, 1989-1991).
Agnès de la Beaumelle
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
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Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 461) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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Une brève histoire des lignes : Metz, Centre Pompidou-Metz, 11 janvier-1er avril 2013.- Metz : Centre Pompidou-Metz, 2013 (cit. et reprod. p. 66-67) . N° isbn 978-2-35983-023-1
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