Entre père et fifre
27 février 1983
Entre père et fifre
27 février 1983
Domaine | Dessin |
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Technique | Mine graphite sur papier |
Dimensions | 47,8 x 35,9 cm |
Acquisition | Don de l'artiste, 1984 |
N° d'inventaire | AM 1984-405 |
Informations détaillées
Artiste |
Valerio Adami
(1935, Italie) |
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Titre principal | Entre père et fifre |
Date de création | 27 février 1983 |
Domaine | Dessin |
Technique | Mine graphite sur papier |
Dimensions | 47,8 x 35,9 cm |
Inscriptions | Titré en bas à gauche : entre père et fifre/ signé et daté en bas à droite : Adami/27.2.83 |
Acquisition | Don de l'artiste, 1984 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1984-405 |
Analyse
Issu d’une tradition classique du dessin (par un enseignement rigoureux suivi à l’Académie de Brera à Milan, entre 1951 et 1954), Adami consigne dès ses débuts, dans des carnets, notes et études sur ses œuvres, accompagnées de commentaires sur l’art évoquant les sources et le processus créateur de son œuvre. L’élaboration de l’image, puis de la peinture, passe chez lui par l’exécution d’un dessin au trait, qui a pour but d’en construire la structure : le tracé de la ligne impose sa règle formelle et figurative au tableau, les couleurs ne feront que se glisser dans l’armature du dessin qu’elles empliront d’aplats uniformes. Le dessin contre la couleur, ou plutôt contre la peinture, suscite un débat qui, comme la question de la rhétorique métonymique des images, ainsi que le travail de mémoire et de fiction dont elle relève, mobilise dans les années 1970-1980 l’intérêt d’historiens de l’art comme Hubert Damisch et Marc Le Bot, et celui de philosophes tels Jacques Derrida et Jean-François Lyotard, sur cet œuvre érudit et allégorique. Par un réalisme narratif, froid, non expressif, relevant d’une démarche conceptuelle, Adami s’impose, au sein de la Nouvelle Figuration des années 1970, à laquelle il semble emprunter le langage schématisé de la bande dessinée, comme un artiste-penseur. À la toute fin des années 1960, dans les tableaux consacrés à différents types de lieux, puis dans la série qu’il nomme La Constellation de Raphaël – portraits de son panthéon personnel (Joyce, Freud, Ulysse, Nietzsche, entre autres) –, il part de photographies ou d’images déjà codifiées pour élaborer un système graphique qui se définit selon une combinatoire d’éléments fragmentés et un montage mental pleinement contrôlé : « Dessin et pensée , note-t-il, sont frères jumeaux. Le crayon et la gomme sont affirmation et négation. En dessinant ainsi, la main trace tant de lignes en plus, mauvaises, superflues, etc. qui sont les fissures des murs où Léonard s’en allait chercher ses images. » La gomme lui permet de « suivre » et de « noter » les « changements constants qui se produisent dans la métamorphose de l’image ».
Dans Entre père et fifre (le titre, soigneusement choisi et calligraphié, fait partie de l’image chez Adami), exécuté pour l’exposition « Bonjour Monsieur Manet » au Musée en 1983, sont juxtaposés deux fragments de tableaux de Manet (Paris, musée d’Orsay), le Portrait d’Auguste Manet (père du peintre) et Le Fifre , entre lesquels déambule, sur un fil de funambule, un chien. Ces figures, reliées par des lignes horizontales, s’épient et s’effacent, et disent, tels des pastiches fantomatiques, l’admiration ambiguë, mélancolique, qu’entretient Adami avec le père de la modernité. La structure démonstrative, rigide, des années 1970, s’est assouplie : la ligne devient discontinue – effacement et reprise du trait dus au travail de la gomme –, et une nouvelle tension allusive trouble la régularité clinique, implacable, des dessins antérieurs.
Camille Morando
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
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