Papiers collés
1967
Informations détaillées
Artiste |
Louis Cane
(1943, France - 2024, France) |
---|---|
Titre principal | Papiers collés |
Date de création | 1967 |
Domaine | Dessin | Collage |
Technique | Encres sur papiers découpés, collés et épinglés sur papier |
Dimensions | 234,5 x 158 cm |
Inscriptions | Non signé. Daté au revers : P.67.3 |
Acquisition | Don de l'artiste, 1998 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1998-134 |
Analyse
Les grands papiers collés réalisés en 1966-1967 par Louis Cane – le Musée en possède une série de sept feuilles – sont significatifs des prémices d’un art qui va opter pour une radicalité conceptuelle absolue, lorsque, en juin 1971, l’artiste fondera avec Marc Devade et le théoricien Marcelin Pleynet la revue Peinture/Cahiers théoriques, à laquelle s’adossera le groupe Supports-Surfaces, dont Cane fera partie avec Devade, Dezeuze et Bioulès. Nourrie dans une certaine mesure de la leçon des gouaches découpées de Matisse, la procédure que Cane met en place dans ces travaux précoces s’inscrit dans la critique de l’académisme gestuel et lyrique des années 1950. Elle répond à une méthode articulée en trois temps ainsi définie par Pleynet : « création (premier papier peint selon une technique plus ou moins gestuelle), destruction (découpage du premier papier), création (reconstitution d’une nouvelle œuvre à l’aide de bandes découpées) » (Art Press, 1973). Ce sont des exercices de destruction et de reconstruction de la forme qui relèvent de ce qu’on pourrait désigner par « abstraction analytique » : une analyse du matériau, du support, du geste. Le principe de répétition – même geste de peinture (des tracés en croix), même motif visuel (des bandes bleues et rouges identiques), même découpe (par unités rectangulaires de papiers), même montage sur un autre support – , niant tout impact subjectif, permet de conduire un processus sans équivoque et qui se présente tel quel. Ainsi s’élabore la grille régulière qui va définir une grande partie de la production de Cane.
Si ce qui importe est l’efficacité de gestes aussi simples que tracer, couper, coller, et la création, par cette suite de procédures, d’une structure de la surface, ce qui est donné à voir ne manque pas d’ambiguïtés. La planéité absolue des papiers collés semble perturbée par un effet d’entrelacs produit par le réseau des diagonales, qui crée des tensions contraires – extensions, rétractations. Rejet de toute séduction picturale ? L’impact visible des marques d’encres effectuées au pinceau, l’importance de la couleur – ici, le bleu et le rouge –, dont les traces se croisent en jouant sur les apparitions du blanc, l’emportent, comme souvent chez Cane. Cette série de papiers collés n’est pas seulement un « exercice » de méthode : un an avant celle des toiles libres de 1968, elle définit pleinement une surface picturale, autonome, libérée des contraintes du tableau.
Agnès de la Beaumelle
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
Voir la notice sur le portail de la Bibliothèque Kandinsky
Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 361) . N° isbn 978-2-84426-371-1
Voir la notice sur le portail de la Bibliothèque Kandinsky
La Méditerranée et l''art moderne, Collections du Centre Pompidou : Rabat, Musée Mohammed VI d''art moderne et contemporain de Rabat, 24 avril-27 août 2018. - Paris : Editions Skira, 2018 (cat. n° 72 cit. p. 163 et reprod. coul. p. 131) . N° isbn 978-2-37074-077-9
Voir la notice sur le portail de la Bibliothèque Kandinsky