Sans titre
1947
Sans titre
1947
Domaine | Dessin |
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Technique | Détrempe sur carton |
Dimensions | 81 x 116 cm |
Acquisition | Dation, 2006 |
N° d'inventaire | AM 2006-828 |
Informations détaillées
Artiste |
Jean Atlan (Jean-Michel Atlan, dit)
(1913, Algérie - 1960, France) |
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Titre principal | Sans titre |
Date de création | 1947 |
Domaine | Dessin |
Technique | Détrempe sur carton |
Dimensions | 81 x 116 cm |
Inscriptions | S.B.DR. : Atlan |
Acquisition | Dation, 2006 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 2006-828 |
Analyse
L’œuvre graphique de Jean-Michel Atlan – environ 800 pièces comprenant des détrempes d’huile, des pastels, craies, gouaches, encres et dessins – représente près de la moitié de sa création. C’est dire la part essentielle que le peintre a réservée aux techniques graphiques, dont il appréciait les qualités matérielles diverses – qu’il exploita avec une réelle virtuosité. L’ensemble arrivé en 2006 par dation – huit peintures et quatorze papiers – rend compte du lien technique et formel extrêmement étroit qui unit ses travaux graphiques et ses peintures sur toile. Il permet également une meilleure représentation dans les collections nationales de cet artiste, célébré jusqu’à sa mort précoce en 1960 puis quelque peu oublié.
Atlan exploite très tôt des techniques rares, voire obsolètes. Sans titre (1947) constitue l’exemple le plus ancien, dans sa production, de la technique de la détrempe d’huile, au demeurant très peu employée avant 1957. Son format exceptionnellement important n’est dépassé que par celui de six toiles sur la centaine peinte jusqu’en 1949. Cette œuvre n’est pas l’ébauche d’un tableau, même si elle est très proche des huiles contemporaines : figures cernées de noir, aplats de couleur, créatures mythiques contorsionnées, composition éclatée d’une grande vivacité. Le cadre noir qui la borde – peut-être pour contenir la composition proliférante – n’apparaît sur toile de manière systématique et géométrisée que vers 1949, constituant ainsi une « fenêtre ».
Atlan a toujours refusé de faire partie d’une école ou de s’inscrire dans une idéologie. Cette volonté d’indépendance l’amène non seulement à rompre son contrat avec la galerie Maeght en 1948, mais aussi à récuser l’étiquette d’« abstrait lyrique » que la critique tente d’apposer sur son œuvre, à la suite de l’exposition de 1947 organisée par Mathieu et Bryen à la galerie du Luxembourg, et surtout de l’exposition « L’École de Paris » à la galerie Charpentier, en 1955, dont il réalise l’affiche.
Les recherches d’Atlan, souvent rapprochées de celles du groupe CoBrA, qui se constitue en 1948 et dont il fréquente les membres, visent à retrouver un art authentique et instinctif. Il est en quête d’une pulsation, d’une spontanéité qui le relie au « grand rythme de tout ce qui est vivant ». Son ami Pierre Soulages a dit de lui qu’il « voulait introduire dans la peinture quelque chose qui appartenait à la nature » (Michel Ragon, Les Ateliers de Soulages, 1990). Il recherche la trace d’une énergie vitale brute, ancestrale, ancrée dans ses origines judéo-berbères. Elle est présente à la fois dans le geste qui donne vie aux figures dansantes d’un bestiaire fantastique et dans l’incandescence des couleurs contrastées. « Les formes qui me paraissent les plus valables […] ne sont ni abstraites ni figuratives, déclare-t-il en 1953, elles participent de ces puissances cosmiques de la métamorphose où se situe la véritable aventure » (Premier bilan de l’art actuel, 1953).
Si Atlan ne réalise que dix détrempes jusqu’en 1956, il en peint quatre-vingt-cinq entre 1957 et 1959. Le format d’Apocalypse (1958) ne détonne plus dans l’abondante production d’après 1955, où les toiles et cartons de grande taille sont fréquents. Atlan est, depuis son exposition à la galerie Bing en 1956, reconnu comme une des figures majeures, mais singulières, de l’École de Paris, réussissant à imposer, par la force de sa vision, une mythologie personnelle. À l’opposé de la détrempe de 1947, à la densité proche de celle d’une huile sur toile, celle de 1958 semble être un croquis aux coups de pinceaux et de pastels visibles, formant un tracé régulier quasi enfantin, primitif. L’exubérance des figures est moindre. Le rythme des arabesques se fait plus affirmé, plus prégnant ; le geste plus lourd et mesuré. La structuration de l’œuvre, plus encore qu’auparavant, est assurée par les tracés noirs, qui se sont fortement épaissis, s’autonomisant presque, pour former une grille au-delà de laquelle la vision s’étend en divers champs, aux couleurs désormais assourdies.
Yann Hendgen
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 300) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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Cobra, la couleur spontanée : Le Mans, Musée de Tessé, 10 novembre 2017-18 février 2018 / Pont-Aven, Musée de Pont-Aven, 10 marrs-10 juin 2018 .- Paris : Arteos, 2017 (sous la dir. de Victor Vanoosten) (reprod. coul. p. 140 (oeuvre non exposée)) . N° isbn 9791096854028
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