Le Poète (Un poète de notre connaissance)
[1944 - 1945]
Le Poète (Un poète de notre connaissance)
[1944 - 1945]
Saisissante apparition que celle de cette figure totémique, recouverte de sang.
En 1937, alors qu'il a tout juste vingt-cinq ans, Roberto Matta rencontre les surréalistes qui, à la vue de quelques-uns de ses dessins, le consacrent comme l'un des leurs. Sur un fond jaune vaporeux, caractéristique des œuvres de cette période, Matta représente une figure hybride et hallucinatoire. Pointé vers le spectateur, le revolver à trou de serrure, objet surréaliste en soi, rappelle immanquablement l'acte surréaliste par excellence décrit dans le Manifeste : tirer au hasard dans la foule.
| Domaine | Peinture |
|---|---|
| Technique | Huile sur toile |
| Dimensions | 94,5 x 76,5 cm |
| Acquisition | Achat grâce au mécénat de Tilder, 2016 |
| N° d'inventaire | AM 2016-854 |
En salle :
Informations détaillées
| Artiste |
Matta (Roberto Sebastián Antonio Matta Echaurren Matta Echaurren, dit)
(1911, Chili - 2002, Italie) |
|---|---|
| Titre principal | Le Poète (Un poète de notre connaissance) |
| Date de création | [1944 - 1945] |
| Domaine | Peinture |
| Technique | Huile sur toile |
| Dimensions | 94,5 x 76,5 cm |
| Inscriptions | S.INDIC.D.B.DR. : Matta / N.Y. 45 |
| Acquisition | Achat grâce au mécénat de Tilder, 2016 |
| Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
| N° d'inventaire | AM 2016-854 |
Source :
Nouvelle acquisition
« Je rencontrai Breton. J’étais très jeune, tout à fait inexpérimenté et ils me dirent que j’étais surréaliste. Vous comprenez ? Je les rencontrai et j’étais si ignorant et si inintéressant pour eux. Puis ils regardèrent mes dessins et ils me dirent : Tu es surréaliste ? Je ne savais même pas ce que cela voulait dire. » C’est en ces termes surprenants que Roberto Matta a raconté sa première rencontre avec André Breton à Paris, en 1937, qui va sceller une amitié éternelle et sa découverte du surréalisme. Un an plus tard, la nouvelle recrue chilienne, autant fascinée par Marcel Duchamp que par Breton, participe à l’Exposition internationale du surréalisme montée par Breton, Paul Éluard, Duchamp et Man Ray, à la galerie des Beaux-arts.
Esprit libre, intense, énergique, Matta dénoue le corset de l’esthétique surréaliste en imaginant un nouvel espace mental, fulgurant, qui conjugue technique automatique, dessin précis et tachisme très coloré, abstraction et figuration : ses « morphologies psychologiques ». En 1939, dans un numéro de la revue Minotaure, André Breton s’émerveille : « Chacun des tableaux peints par Matta depuis un an est une boule de fête où se jouent toutes les chances, une perle qui fait boule de neige en s’incorporant toutes les lueurs à la fois physiques et mentales. »
En 1940, Matta suit Breton et le groupe surréaliste en exil à New York où il soutient l’appel du « nouveau mythe pour l’homme moderne » lancé par Breton en 1943. Personnalité flamboyante, intelligence étourdissante et esprit cosmopolite, Roberto Matta séduit le Tout-New York. En mars 1945, la première rétrospective de son œuvre, chez Pierre Matisse, réunit les tableaux considérés aujourd’hui comme ses chefs-d’œuvre, tels le monumental X-Space and The Ego (conservé au Centre Pompidou) et l’énigmatique Le Poète (Un poète de notre connaissance) dont le Centre Pompidou vient de faire l’acquisition grâce au mécénat de Tilder.
Saisissante apparition que celle de cette figure totémique, recouverte de sang, qui pointe son revolver sur nous. Portrait crypté, mais indiscutable, de Breton appelant dans le Deuxième manifeste du surréalisme à tirer au hasard dans la foule. Idée scandaleuse de l’acte gratuit et révolutionnaire qui répond au scandale de la violence bourgeoise et fasciste combattue par les surréalistes. Artiste engagé, qui conçoit le surréalisme comme « une conscience de vivre la poétique révolutionnaire », Matta signe avec ce portrait de Breton en Minotaure un hommage au génie de celui qui a dénoncé le tragique contemporain et défendu son émancipation politique. Cette figure nue, brutale, hallucinatoire est aussi symbolique de toute la culture surréaliste, passionnée de mythologie et d’art primitif, et de sa volonté d’inventer une nouvelle image de l’homme.
Source :
in Code Couleur, n°27, janvier-avril 2017, pp. 44-45
Bibliographie
Matta : Francfort, Galerie Daniel Cordier, 26 mai-30 juin 1959 (sous la dir. de Will Grohmann) (cit. (titré avec un autre sous-titre "Portrait d''un poète. André Breton"))
Matta : Paris, Centre Georges Pompidou, Musée national d''art moderne, 3 octobre-16 décembre 1985 .- Paris : éd. du Centre Pompidou, coll. Classiques du XXe siècle, 1985 (sous la dir. de Alain Sayag) (cat. n° 65 cit. et reprod. coul. p. 137 (titré "Le Poëte (Un Poëte de notre connaissance)", collection particulière)) . N° isbn 2-85850-303-6
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Matta : Barcelone, Fundació Caixa Catalunya, 20 janvier-5 avril 1999 // Madrid, Museo nacional Centro de arte Reina Sofía, 24 avril-21 juin 1999 (reprod. coul. p. 99 (titré "Le Poëte", collection particulière)) . N° isbn 84-89860-07-6
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Victor Brauner, écrits et correspondances 1938-1948 .- Paris, Editions du Centre Pompidou/INHA, 2005 (sous la dir. de Camille Morando et Sylvie Patry) (cit. p. 235 et note 3, 236 note 16) . N° isbn 2-84426-283-X
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Matta, du surréalisme à l''histoire : Marseille, Musée Cantini, 15 févr.-20 mai 2013.- Heule, éd. Snoeck, 2013 (cat. n° 6 cit. p. 50, 252 (titré "Le Poëte", collection Ramuntcho Matta) et reprod. coul. p. 51) . N° isbn 978-94-6161-072-0
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Pierre Matisse, un marchand d''art à New York : Nice, Musée Matisse, juin-septembre 2021. - Paris : Bernard Chauveau Edition, 2021 (reprod. coul. p. 107) . N° isbn 978-2-36306-304-5
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