Sans titre
1946
Sans titre
1946
Domaine | Dessin |
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Technique | Mine graphite et crayon de couleur sur papier |
Dimensions | 48,4 x 63 cm |
Acquisition | Achat, 2005 |
N° d'inventaire | AM 2005-23 |
Informations détaillées
Artiste |
Arshile Gorky (Manoog Adoian Vosdanig, dit)
(1904, Empire ottoman - 1948, États-Unis) |
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Titre principal | Sans titre |
Date de création | 1946 |
Domaine | Dessin |
Technique | Mine graphite et crayon de couleur sur papier |
Dimensions | 48,4 x 63 cm |
Inscriptions | Signé et daté en bas à droite : a gorky / 46 |
Acquisition | Achat, 2005 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 2005-23 |
Analyse
Dès 1943, le peintre, émigré d’Arménie depuis 1920, s’impose sur la scène new-yorkaise comme une des dernières figures du surréalisme aux yeux des « Surrealists in Exile », regroupés à New York pendant la guerre – et nouveau garant, avec Matta, de l’automatisme. Il apparaît aussi comme un des acteurs les plus originaux de la jeune peinture américaine : avec ses amis Graham, Davis, De Kooning, Motherwell, Baziotes, Rothko, il propose un espace plastique fluide, de plus en plus ouvert, constitué de grandes brassées de couleurs vives, bientôt diluées en coulées souples – espace qui va définir l’expressionnisme abstrait américain. Mais, davantage sans doute que dans ses toiles peintes, il semble que ce soit dans ses innombrables feuilles dessinées à l’encre, au crayon et à la craie de couleur que réside la singularité syncrétique de son expression : appel aux forces vives de la mémoire et de l’inconscient (qui sont, pour Gorky, les résurgences de la terre et de la culture arméniennes), et soumission aux pulsions, harmoniques ou dramatiques, de la nature – voies que Miró, qu’il admirait, lui avait ouvertes. « Pour la première fois, la nature est traitée ici à la façon d’un cryptogramme sur lequel les empreintes sensibles antérieures de l’artiste viennent apposer leur grille, à la découverte même de la vie », écrit Breton en 1945 à l’occasion de la première exposition Gorky chez Julien Levy, à New York.
Ces cryptogrammes sensibles sont « approfondissement, tant en conscience qu’en jouissance, de certains états d’âme » (Breton) : un trait continu et discontinu, tour à tour précis et brouillon, nerveux et lascif, en suit les fluctuations. Se profilent – comme par prolifération erratique d’un fil conducteur qui tenterait de les cerner, de les capter – des formes fantômes organiques hybrides, mi-humaines, mi-végétales : des ossements, des éclosions. La ligne la plus fine du topographe explore les accidents géologiques de ces paysages intérieurs déployés sur le papier (des « inscapes » , dira volontiers Gorky), tandis qu’une alternance d’estompes grises et d’éclats colorés incandescents en capte, par un véritable criblage de pictogrammes, les nœuds, les tensions ou les douces modulations. C’est là une écriture mélancolique d’un flux naturel, à forte charge érotique, dont l’artiste saisit le suspens fragile, provisoire. Dans cette sorte de grille défaite, ni figurale ni abstraite, où flottent des éléments résiduels en fusion cosmique, s’empreignent son geste et son émotion.
Agnès de la Beaumelle
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008