Mirror Stand (Stand de miroirs)

Guillaume Bijl travaille depuis la fin des années 1970 à des installations qu’il a classées en quatre catégories : les « Installations de transformations », plaçant une « réalité dans une irréalité », les « Installations de situation » ou « une irréalité dans une réalité », les « Compositions » dites « compositions trouvées » ou « natures mortes actuelles archéologiques » et les « Sorrys », petits « assemblages absurdes » réalisés à partir d’objets existants. Mirror Stand se situe à la frontière entre la « Composition », fragment emprunté à la réalité, et l’« Installation de situation » ou « sorte de simulacres ayant un caractère situationnel. Elles interfèrent généralement avec la réalité à l’occasion d’une manifestation artistique spécifique ». Dans Mirror Stand, quarante-deux miroirs, deux consoles et une chaise forment le simulacre d’un magasin de miroiterie transformé en stand de foire d’art contemporain. Présentée pour la première fois à la Fiac à Paris en 1988, l’œuvre invite, à travers la décontextualisation d’un espace du quotidien, marchand, dans un espace dédié à l’art, à réfléchir sur les rapports ambigus entre l’art et la réalité, à s’interroger sur leur porosité. Cette « réalité muséifiée » est destinée à faire réagir notre regard sur la mise en scène du quotidien, en révélant les formalismes de notre société de consommation. Elle montre également, à l’inverse, comment le monde illusoire de l’art fabrique le réel et s’y substitue, participant à son désenchantement. Que ce soient des magasins, des hôpitaux ou des salles d’attente, les installations de Guillaume Bijl sont des « trompe-l’oeil », des « natures mortes tridimensionnelles » qui parodient notre société en clonant ses repères.

PERSON - Agathe Dupont

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007