Mustang Hallelujah (Mustang Alléluia)
1971
Mustang Hallelujah
(Mustang Alléluia)
1971
Domaine | Dessin |
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Technique | Mine graphite et crayon de couleur sur papier |
Dimensions | 29,6 x 20,9 cm |
Acquisition | Achat, 1984 |
N° d'inventaire | AM 1984-796 |
Informations détaillées
Artiste |
Günter Brus
(1938, Autriche - 2024) |
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Titre principal | Mustang Hallelujah (Mustang Alléluia) |
Date de création | 1971 |
Domaine | Dessin |
Technique | Mine graphite et crayon de couleur sur papier |
Dimensions | 29,6 x 20,9 cm |
Inscriptions | S.H.DR. : Brus |
Acquisition | Achat, 1984 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1984-796 |
Analyse
« Informel de la dernière heure » , selon son expression, Günter Brus – qui partage avec Nitsch, Muehl et Schwarzkogler un sentiment de honte et de révolte à l’égard de la bonne conscience de la société viennoise, de ses valeurs conservatrices et de son étouffant climat d’inquisition – se lance dans l’Actionnisme en 1964 avec une première performance, Ana : son propre corps, enveloppé de draps blancs, est mis en scène dans un espace également blanc. Brus cherche alors non seulement à inclure dans l’art le temps et l’espace – le rythme et l’infini, comme dans les toiles de Pollock –, mais bien la vie elle-même : à faire du tableau une peinture vivante, « un morceau du monde », qui en exacerberait toutes les violences et les folies. Le scandale soulevé par la radicalité de ses interventions corporelles, qui explorent tous les tabous, tous les interdits, lui vaut d’être condamné à six mois de prison, l’oblige à fuir l’Autriche et à s’installer à Berlin. Les difficultés rencontrées, les menaces d’expulsion, l’amènent à abandonner l’Actionnisme en 1970.
Brus trouve alors dans l’écriture et le dessin les moyens de mettre à nu, par la puissance cauchemardesque de ses images, les tréfonds de la conscience, la mémoire des exterminations et des horreurs de l’Histoire. Issus du même matériau que celui des actions (sexe, mort, volupté, excréments, mutilations) et enrichis de textes, ces dessins, visions apocalyptiques et fantasmatiques, forment les Bild-Dichtung [Images-poèmes]. Mustang Hallelujah en est un exemple archétypal : la scène, où se mêlent jouissance et supplice, est couronnée par un titre blasphématoire. « Le crayon aiguisé devint un couteau, la toile une peau, la pâte de la merde, la couleur lascive du sang – cela, simplement pour montrer ce qu’il y a d’irrégulier dans l’acte raisonnable de l’humain. » Brus dessine jusqu’à l’épuisement, parvenant à une sensibilité et à un raffinement extrême de la ligne, à une vibration exacerbée de la lumière ; son univers fantastique marque une certaine affinité avec celui d’autres artistes et poètes maudits (ses Bild-Dichtung sont dédiés à Redon, Klimt, Blake, Poe, Goya, Kafka, Kokoschka, Van Gogh, Baudelaire…). Dans les années 1980, Brus s’enfonce plus avant dans l’exploration de l’âme humaine, et ses dessins – tel Menschenbeschwörung – sont dominés par ce qu’il nomme « un romantisme du cri de la tête de mort ». Ce cri, cynique et désespéré, proclame autant l’impossible avenir de l’homme que le néant de l’art : « Les images sont comme des lémures illusoires. Elles crachent du feu et se muent en putains. »
Anne Lemonnier
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008