Sans titre
1982
Sans titre
1982
Domaine | Peinture |
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Technique | Peinture acrylique et craie de couleur sur affiches arrachées; de nombreux fragments de la couche supérieure des affiches sont partiellement détachées et repliées sur la surface |
Dimensions | 288 x 225 cm |
Acquisition | Achat de l'Etat, 1983 ; attribution au Centre Pompidou, Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle, 2008 |
N° d'inventaire | AM 2009-364 |
Informations détaillées
Artiste |
Jean Charles Blais
(1956, France) |
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Titre principal | Sans titre |
Date de création | 1982 |
Domaine | Peinture |
Technique | Peinture acrylique et craie de couleur sur affiches arrachées; de nombreux fragments de la couche supérieure des affiches sont partiellement détachées et repliées sur la surface |
Dimensions | 288 x 225 cm |
Inscriptions | S.D.REV. MIL. : BLAIS/82//4.82 |
Acquisition | Achat de l'Etat, 1983 ; attribution au Centre Pompidou, Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle, 2008 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Contemporain |
N° d'inventaire | AM 2009-364 |
Analyse
Accidentel, improvisé, tant par son support – le plus souvent des affiches urbaines – que par le caractère aléatoire des arrachements brutaux et des déchirures grossières, par en somme un bricolage presque généralisé des procédures – collage, agrafage des morceaux de papier –, le travail pictural et dessiné de Jean-Charles Blais procède de l’interrogation d’une situation limite, des limites mêmes du « figurable ». Dès le début des années 1980, il participe en France au retour en force de ces modes d’expression sous la bannière de la figuration qui s’esquisse en Europe avec la Transavangarde italienne et les Nouveaux Fauves allemands, et, aux États-Unis, sous celle, par exemple, d’un Philip Guston. Son engagement s’inscrit dans une veine d’inspiration intimiste et populaire où la narration, souvent grotesque, est proche de la bande dessinée, ce que Ben qualifiera de « figuration libre ». Cependant elle repose, pour l’essentiel, sur des éléments sophistiqués : des matériaux de récupération, des morceaux de carton déchirés, des panneaux publicitaires et des affiches arrachées. Blais les colle, les assemble avec des épingles. Ces différents supports dictent souvent le sujet de figures peintes et dessinées. Toute figure esquissée, qu’elle soit précisément délimitée ou aléatoire, se fond dans un amas de matière, sans qu’il soit aisé d’en définir les contours. Par le biais de la couleur peinte ou du fusain s’effectue un travail sur la surface, qui s’inscrit dans la réserve d’un fond épais et souvent surchargé. Le caractère irrégulier et accidenté du support fait apparaître des organes, des troncs, des têtes, sous forme de fragments précaires, souvent surdimensionnés, qui présentent d’importantes variations d’échelle. Les humains comme les objets semblent en suspension dans l’espace, dans un équilibre instable, entre chute et apesanteur, prêts à s’échapper du cadre grossier qui les enserre.
Ces deux œuvres sur papier, qui remontent aux années 1980, manifestent l’amalgame pictural complexe opéré par Blais, l’utilisation de l’acrylique, de la craie de couleur et du fusain. Ces derniers médiums, fragiles, peuvent se conjuguer à la peinture pour accorder une sorte de solidité à ce qui s’impose d’emblée comme fragmenté. Toute forme se présente sous un aspect précaire, instable, dont Blais fait le centre de son propos. Ici, dans une image de parade aérienne, on aperçoit un avion en feu et en déroute qui oblitère la vision d’autres avions ; son équilibre ne semble plus tenir qu’à un fil et il n’est pas loin de s’effondrer sur le sol. Ailleurs, un homme coupé en deux par une traverse verticale (qui semble être un dispositif récurrent dans l’œuvre) lance jambes et bras en pleine course : les membres et l’espace quadrangulaire auquel ceux-ci appartiennent, fragmenté et déstabilisé lui aussi, se confondent dans le même morcellement noir et blanc. Blais propose là un « travail à proximité de la convention du tableau. Il y avait toujours quelque chose qui échappait par le haut, par le bas, ou dans la profondeur qui se minusculisait ou s’élargissait d’une façon ou d’une autre comme quelque chose qui ne tiendrait pas dans un cadre, qui aurait quelque problème, quelque compte à régler avec le bord, avec la frontalité » (entretien, 1994).
Jean-Pierre Bordaz
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
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Bibliographie
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