Betonstube / Salon de béton

Basé à Berlin, John Bock est un artiste promu sur la scène internationale dès la Biennale de Venise de 1999 ou la Documenta de Cassel de 2002. Ses sculptures, installations, performances et vidéos plongent le spectateur dans un univers proliférant et grotesque proche du théâtre de l’absurde. Acteur extraordinaire, poète inventeur de textes souvent incompréhensibles qu’il déclame en public, sculpteur d’une inventivité débridée, influencé par le Merz de Kurt Schwitters et le style de Paul McCarthy, John Bock utilise la vidéo et le film depuis 2003, non plus comme l’un des matériaux de ses installations, mais comme un médium autonome. Parodiant Joseph Beuys, l’artiste a, par exemple, mis en scène dans Gast (2004) un lapin aux prises avec ses sculptures ; dans Porzellan Isoschizo Küchentat des neurodermitischen Brockenfalls im Kaffestrudel und das alles ganz Teuer , 2001, Bock se trouvait au centre d’un ballet de ketchup, toasts et autres saucisses. Betonstube , réalisé pour l’exposition « Dionysiac » présentée au Centre Pompidou en 2005, est né du désir de l’artiste de travailler avec l’actrice Anne Brochet. Tourné en novembre 2004 à Berlin, dans un ancien blockhaus, le film réunit l’artiste, la comédienne et l’acteur allemand Andreas Schlaegel dans une histoire d’amour extravagante et sombre dont le décor, les costumes et les objets ont été fabriqués par Bock. Le film apparaît ici comme le seul médium capable de réunir tous ceux utilisés par l’artiste dans une sorte d’œuvre d’art totale inclassable, où le comique le dispute au tragique, le burlesque au pathétique.

Christine Macel

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007