La chasse

Avec Henri Rousseau, André Bauchant, Camille Bombois et Séraphine, Louis Vivin est l’un des « cinq maîtres primitifs reconnus » par le critique d’art et collectionneur allemand Wilhelm Uhde ( Fünf primitive Meister, Rousseau, Vivin, Beauchamp, Bombois, Séraphine , Zürich, Atlantis, 1947). Employé des Postes dans le secteur de l’Est de la France, puis à Paris, Vivin consacre ses loisirs à la peinture en autodidacte. Lors de ses visites au Louvre, il admire Corot, Courbet, Millet, Meissonnier. Il expose pour la première fois des paysages, en 1904, au Salon artistique des PTT. En 1922, Vivin prend sa retraite d’inspecteur des Postes et se consacre entièrement à la peinture. Wilhelm Uhde découvre son travail en 1925, à la foire aux croûtes de Montmartre, où Vivin vend ses tableaux naïfs. Le collectionneur l’encourage et organise, en 1929, sa première exposition monographique à la galerie des Quatre-Chemins. À cette occasion, Vivin rencontre des collectionneurs qui contribueront à une diffusion large de son œuvre. Après la guerre, il est soutenu par Jean Cassou qui organise une salle de « naïfs » au Musée national d’art moderne et qui présente son œuvre, galerie Bing, en mars 1948, puis chez Dina Vierny en 1979. Ses sujets de prédilection sont les natures mortes, les scènes de chasse et les paysages urbains ( La Cathédrale de Reims , 1923). Il peint de nombreuses vues du Paris pittoresque et monumental, remarquables par leur dessin minutieux ( Notre-Dame-de-Paris , 1926, AM 2814 P ; Ibid. , 1933, AM 2816 ; Le Moulin de la Galette , 1926, AM 2716 P). La Chasse (en dépôt au Musée d’Art et d’Archéologie de Senlis, la ville d’attache de W. Uhde) fait partie d’une série de tableaux représentant des paysages de la forêt vosgienne pendant la période de la chasse ( Le Cerf et les loups , 1926, AM 2815 P). L’artiste reprend une iconographie traditionnelle en la coulant dans sa facture d’un réalisme troublant. La scène de battue, visible au premier plan, se déroule sur un fond de sapins, alignés de manière systématique, dont la rigidité répond à la froideur déréalisante de la description. L’ordonnance régulière, volontairement monocorde de la mise en scène, est régie par le « rythme musical » souhaité par Vivin.

Nathalie Ernoult

Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007