Survival Series (Série survivance)

L’utilisation du panneau électronique à diodes électro-luminescentes (LED) chez Jenny Holzer date de l’invitation faite à l’artiste en 1982 par le Public Art Fund de mettre ses textes sur le panneau lumineux géant de Times Square : elle découvre alors la technique qui deviendra sa signature. Les contraintes de ce procédé font évoluer son écriture, tandis que l’audience soudain élargie de son œuvre modifie son approche conceptuelle. Elle crée alors des séries de textes plus personnels : « Truisms » (1977-1979) ou « Inflammatory Essays » (1979-1982). Dénonçant un environnement menaçant, les panneaux de la série « Survival » sont montrés pour la première fois chez Barbara Gladstone à New York en 1983. Leur contenu (« Quelle envie peut nous sauver si le sexe ne le peut plus ? » ; « Savourez la gentillesse car la cruauté peut toujours lui succéder ») est parallèlement diffusé sous forme de posters dans la ville. La série « Survival » crée elle aussi une situation d’urgence et invite à une prise de position dans un espace collectif où dominent la solitude et l’indifférence. L’œuvre du Mnam est la seule de la série où le texte est suivi d’une image ; l’utilisation de celle-ci restant rare dans le travail de l’artiste centré sur le langage. « Laissez de la nourriture au même endroit tous les jours, parlez aux gens qui viennent manger et organisez-les » : le sérieux de l’injonction, l’idéalisme qui la sous-tend voisinent avec une évocation du décalage récurrent entre les souffrances dénoncées et les méthodes censées y remédier. On pense à l’impuissance des organisations caritatives face aux famines en Afrique et aux homeless de New York, deux phénomènes qui se sont accentués au début des années 1980.

Sophie Duplaix

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007