Etude pour Plans par couleurs. Grand nu
[1909 - 1910]
Etude pour Plans par couleurs. Grand nu
[1909 - 1910]
Domaine | Dessin |
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Technique | Pastel sur papier vergé gris |
Dimensions | 45 x 56 cm |
Acquisition | Don de Eugénie Kupka, 1963 |
N° d'inventaire | AM 2774 D |
Informations détaillées
Artiste |
František Kupka
(1871, Autriche-Hongrie - 1957, France) |
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Titre principal | Etude pour Plans par couleurs. Grand nu |
Date de création | [1909 - 1910] |
Domaine | Dessin |
Technique | Pastel sur papier vergé gris |
Dimensions | 45 x 56 cm |
Inscriptions | Signé en bas à droite au crayon rose : Kupka. Non daté |
Acquisition | Don de Eugénie Kupka, 1963 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 2774 D |
Analyse
À partir de 1906, et jusqu’en 1913, Kupka participe presque chaque année au Salon d’automne à Paris. En 1912, il y expose pour la première fois une œuvre non figurative, Amorpha, fugue à deux couleurs (Prague, Národní Galerie) ; l’année suivante sont présentées Localisations de mobiles graphiques I et II (Washington, National Gallery ; Madrid, Musée Thyssen-Bornemisza), qui témoignent de la poursuite de ses recherches. La peinture programmatique Plans par couleurs. Grand nu (1909-1910, New York, Solomon R. Guggenheim Museum) a également été exposée au Salon d’automne, en 1911. Elle résulte d’un long travail, débuté selon toute hypothèse vers 1904-1906. Partant du motif classique et sculptural d’un nu posant dans une attitude méditative, à l’origine plongé dans la pénombre, l’artiste lui donne un traitement moderne, tant par l’abolition du modelé au profit de plans que par un chromatisme audacieux, déjà à l’œuvre dans des peintures plus anciennes, comme les « synchromies » – en particulier La Gamme jaune (1907, MNAM). Kupka inaugure ici son esthétique des plans colorés, qui le conduit à décomposer le volume du corps par aplats de couleur. Tandis que l’atmosphère nocturne et recueillie des premières études était porteuse de connotations ésotériques (ce que vient confirmer, dans l’une d’elles, la présence d’une aura autour de la tête du modèle), l’éclatante gamme fluorescente des pastels suivants, caractéristique du tableau final, donne une image désincarnée du corps, comme vu à contre-jour ou aux rayons X. Cette œuvre constitue ainsi une réponse originale aux problématiques soulevées par le fauvisme et le cubisme.
Dans La Création dans les arts plastiques, écrit en français vers 1907-1913, Kupka souligne la gageure de l’usage des plans colorés : « Les aplats et les aires présentant des limites nettement définies, étant donc localisées dans l’espace de manière absolue, le peintre […] doit en peser l’efficacité davantage qu’il n’aurait à le faire en laissant les surfaces se fondre les unes dans les autres. » Reprochant aux impressionnistes d’avoir renoncé « aux contours fixes », il fait alors du problème de la définition des formes un sujet majeur de sa recherche : « Les différentes positions du corps, les mouvements – volontaires ou automatiques – que nous accomplissons au cours de notre vie, sont autant de manières de nous situer dans l’espace. Traduits en rythmes, ces mouvements se font danse. Quant aux événements – présents, passés ou à venir – qui se déroulent dans l’espace intérieur et s’annoncent à la conscience qui, domiciliée au sommet du corps, brille comme un flambeau, ils sont à chaque fois le signe d’un rapport entre le dedans et le dehors – variations sur le thème du “moi” et du “non-moi”. » Dans la magistrale série des pastels Femme cueillant des fleurs, Kupka s’attache à transcrire le déplacement du corps dans l’espace en s’inspirant de manière évidente de la chrono-photographie. Cet ensemble graphique témoigne de l’intérêt momentané de l’artiste pour la problématique fondamentale du futurisme, celle du mouvement. Ces recherches n’ont cependant pas connu d’aboutissement en peinture ; elles ont en effet amené Kupka à la conclusion que la représentation de l’espace et du mouvement en peinture est vaine, et ne peut aboutir qu’à des « supercheries », dont il rend d’ailleurs coupables les cubistes et les futuristes. Ce constat décide de son rejet de la mimésis.
Traitée essentiellement au pastel, en couleurs arbitrairement échelonnées, la série des Femme cueillant des fleurs propose une approche chromatique parente de celle du Grand nu. Kupka y réalise le découpage spatio-temporel du mouvement : la composition est séquencée par le jeu de verticales disposées de manière rythmique, créant des plans où les différentes positions de la silhouette féminine se superposent, jusqu’à se confondre. Kupka a fait la preuve, par les plans colorés, de l’aporie de toute représentation mimétique ; il en dégage une esthétique nouvelle, fondée sur une utilisation logique des « agents et facteurs » dont dispose le peintre. Dans son livre déjà cité, Kupka compare un ensemble de plans groupés, comme ceux d’Ordonnance sur verticales, à « une mosaïque dont chaque ton est posé de propos délibéré et dont chaque pièce, avec son degré de luminosité spécifique, représente une unité, une note isolée dans l’ensemble orchestré. »
Pierre Brullé
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
Vachtova (Ludmila).- F. Kupka.- Londres : Thames & Hudson, 1968 (cit. p. 315 n° 33)
Zander Rudenstine (Angelica).- The Guggenheim Museum Collection, vol. II.- New York : Guggenheim Museum, 1976 (cit. p. 438)
Nanni (Martha).- "Frank Kupka et le symbolisme viennois", in Cahiers du Musée national d''art moderne [revue], 1980, n° 5 (cit. p. 387, reprod. 16 p. 386)
Frantisek Kupka 1871-1957 ou l''invention d''une abstraction : Paris, Musée d''art moderne de la Ville de Paris, 22 novembre 1989-25 février 1990.- Paris : Paris-Musées/Amis du Musée d''art moderne de la Ville de Paris, 1989 (cat. n° 97 p. 168, reprod. p. 168 (oeuvre non exposée)) . N° isbn 2-85346-068-1
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Prague 1900-1938 : Capitale secrète des avant-gardes : Dijon , Musée des Beaux-Arts, 15 juin-13 octobre 1997.- Dijon : Musée des Beaux-Arts et Paris : Réunion des musées nationaux, 1997 (cat. n° 62, cit. p. 55, reprod. coul. p. 54) . N° isbn 2-911404-17-3
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Rendezvous : Masterpieces from the Centre Georges Pompidou and the Guggenheim Museums : New York, Solomon R. Guggenheim Museum, 16 octobre 1998-24 janvier 1999. - New York : Guggenheim Museum Paris/Centre Georges Pompidou, 1998 (cat. n°40, cit. p. 654, reprod. coul. p. 164) . N° isbn 0-89207-213-X
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Frantisek Kupka : la collection du Centre Georges Pompidou, Musée national d''art moderne [publié à l''occasion de l''exposition ?hors les murs?, présentée à Vaduz au Kunstmuseum Liechtenstein, 28 mars-9 juin 2003 // Lausanne à la Fondation de l''Hermitage, 26 juin-12 octobre 2003 // Strasbourg au Musée d''art moderne et contemporain, 7 novembre 2003-8 février 2004 // Montpellier au Musée Fabre, 1er mars-30 mai 2004 // Münster au Westfälisches Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte, été 2004]. - Paris/Lausanne : éd. Centre Pompidou/Fondation de l''Hermitage, 2003 (sous la dir. de Brigitte Leal) (cat. n°37, reprod. coul. et cit. p. 75) . N° isbn 2-84426-155-8
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Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 37-39) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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