Superficie 67
[1950]
Superficie 67
[1950]
Le tableau, irrégulièrement recouvert de signes, devient un champ d'énergie et impose sa présence énigmatique qu'on imagine liée à la vie intérieure de l'artiste.
Saisi dans un mouvement, l'espace compositionnel construit ou déconstruit une trame orthogonale. Les symboles noirs, que d'épais tracés surlignent, semblent s'éloigner ou se rapprocher, s'associer ou se dissocier, et grouiller comme des organismes vivants. Jusqu'alors peintre figuratif reconnu de la Scuola romana, Giuseppe Capogrossi présente ses premières Superficie à la galerie del Secolo, à Rome en janvier 1950, lors de l'exposition du Gruppo Origine.
Domaine | Peinture |
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Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 210 x 86 cm |
Acquisition | Achat, 2005 |
N° d'inventaire | AM 2005-196 |
Informations détaillées
Artiste |
Giuseppe Capogrossi
(1900, Italie - 1972, Italie) |
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Titre principal | Superficie 67 |
Date de création | [1950] |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 210 x 86 cm |
Inscriptions | S.B.DR. : Capogrossi |
Acquisition | Achat, 2005 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 2005-196 |
Analyse
En janvier 1950, l’artiste romain Giuseppe Capogrossi, qui avait été jusqu’alors un peintre figuratif reconnu de la Scuola romana (période représentée au Musée par L’Annonciation , [1933], JP 683 P), présente ses premiers dessins et peintures à signes, intitulés Sections ou Superficies (c’est-à-dire Surfaces) à la galleria del Secolo à Rome. Elles ouvrent une longue série d’œuvres, achevée en 1966 (cat. rais. nos 1 à 575). Rien, à ce moment-là dans le travail du peintre, ne permet de laisser présager la radicalité de ces œuvres, même si, au cours des années 1948-1949, Capogrossi avait peu à peu évolué vers l’abstraction à partir d’une grille de représentation cubiste, faite d’éléments géométriques dissociés (lignes pointillées, chevrons, créneaux, pavés colorés) évoquant une mosaïque.
Les signes qui apparaissent sur les toiles exposées en janvier 1950, souvent peints en tracés noirs sur fond crème, semblent en effet mal se relier aux peintures précédentes. Ils évoquent bien davantage de mystérieux alphabets archaïques, irrégulièrement répartis sur la surface du tableau, et n’offrant aucune clé de lecture explicative. Parmi ces signes, l’un d’eux, un demi-cercle complété par quatre pointes et évoquant à volonté une herse, une fourche ou une empreinte animale, ne va pas tarder à éliminer tous les autres, et bientôt multiplié, décliné en différentes positions, puis associé en chaînes plus ou moins continues, va peu à peu envahir la totalité des toiles de l’artiste et devenir sa marque distinctive jusqu’à sa mort. Pour Giulio Carlo Argan, le signe qui, chez Capogrossi, a suscité de nombreuses interprétations poétiques, anthropologiques, existentielles, voire psychanalytiques, est sans signification symbolique. Il est phénomène pur qui se déploie sur la surface du tableau et révèle celle-ci. Mais son caractère errant et ses évolutions imprévisibles caractérisent une situation définitivement instable : « La chaîne d’anneaux rompus, c’est la logique contredite par l’expérience, écrit Argan. Le thème de Capogrossi est le temps, infiniment plus varié que l’espace. »
Dans Superficie 67 (cat. rais. n° 8), le spectateur a la sensation d’assister en direct à la construction et à la destruction d’un espace compositionnel. À l’intérieur de celui-ci, défini par une trame orthogonale, les signes, que les épais tracés noirs surlignent, semblent saisis d’un mouvement virtuel qui les éloigne ou les rapproche, les associe ou les dissocie et les fait grouiller comme des organismes vivants. Le tableau devient ainsi un champ d’énergies complexes, qu’on imagine accordé à la vie intérieure de l’artiste, et qui impose sa présence énigmatique au spectateur.
Superficie 67 , présenté en 1974 à la rétrospective de l’artiste à Rome, à la Galleria nazionale d’Arte moderna, et provenant de l’ancienne collection de Carlo Cardazzo (longtemps directeur de la galleria del Naviglio à Milan), est formellement très proche de deux autres peintures de même date et quasiment de même format : Superficie 4 (1950, New York, MoMA) et Superficie 419 (1950, Rome, coll. Monaco). Il en diffère seulement par l’épaisseur accentuée des tracés noirs et la proximité plus grande entre eux des signes peints.
Jean-Paul Ameline
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007
De la/du même artiste
Bibliographie
Giuseppe Capogrossi : Roma: Galleria Nazionale d''Arte Moderna-Valle Giulia, 12 décembre 1974-2 février 1975. - Roma : De Luca Editore, 1974 (cat. n° 37 cit. p. 57 et reprod. p. 53)
Giuseppe Capogrossi : Ferrara, Galleria Civica d''Arte Moderna Palazzo dei Diamanti, 2 mar-27 avril 1980 (cat. n° 9 cit. n.p. (non reproduit))
Collection Art Moderne :[Catalogue de] La collection du Centre Pompidou/Musée national d''art moderne. - Paris : Editions du Centre Pompidou, 2006 (sous la dir. de Brigitte Leal) (cit. et reprod. p. 122) . N° isbn 978-2-84426-317-9
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Lucio Fontana : Recto-verso : Malaga, Centre Pompidou Malaga, 1er décembre 2022 - 23 avril 2O23. - Malaga : Centre Pompidou Malaga, 2022 (cit. p. 132 et reprod. coul. p. 79, 132) . N° isbn 978-4-19080-07-3
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