La Boule blanche
1915
La Boule blanche
1915
" L'expression suprême de la beauté, c'est un tiroir avec une boule. L'art n'est bon que lorsqu'il ne signifie rien, ne représente rien, n'a ni contenu ni sens..." (Pougny)
Un simple tiroir dont le fond est peint en noir et en vert, est traversé par une sphère blanche. Ce petit relief se rapproche des compositions suprématistes contemporaines de Kasimir Malévitch. De fait, La Boule blanche a figuré dans la fameuse " Dernière exposition futuriste de tableaux. 0.10 " organisée fin 1915 à Saint-Pétersbourg par Jean Pougny et Malévitch, avec lequel il avait rédigé le Manifeste du suprématisme.
Domaine | Sculpture | Relief |
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Technique | Bois et métal peints à l'huile |
Dimensions | 34 x 51 x 12 cm |
Acquisition | Donation de Mme Xénia Pougny, 1966 |
N° d'inventaire | AM 1497 S |
Informations détaillées
Artiste |
Jean Pougny (Ivan Puni, dit)
(1892, Empire Russe - 1956, France) |
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Titre principal | La Boule blanche |
Date de création | 1915 |
Domaine | Sculpture | Relief |
Description | Mappemonde en métal peint dans une boîte en bois peint |
Technique | Bois et métal peints à l'huile |
Dimensions | 34 x 51 x 12 cm |
Acquisition | Donation de Mme Xénia Pougny, 1966 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1497 S |
Analyse
Rectangle scindé en deux parties de formes trapézoïdales, l’une de couleur noire, l’autre de couleur verte sur laquelle est fixé un globe peint en blanc, La Boule blanche (cat. rais. n°105) se rapproche des compositions suprématistes contemporaines de Malevitch, avec qui Pougny rédige le Manifeste du Suprématisme. Ils donnent ensemble une conférence, le 12 janvier 1916, quelques jours avant la fermeture de l’exposition « 0.10 », où La Boule blanche était présentée. Les propos de Pougny sont en partie rapportés dans un article du journal Le Jour, paru le surlendemain, dans lequel on peut lire : « Les boutons sont plus élégants que des menuets et des madones, le fer est plus beau que l’or et l’argent. […] L’expression suprême de la beauté, c’est un tiroir avec une boule. L’art n’est bon que lorsqu’il ne signifie rien, ne représente rien, n’a ni contenu ni sens… » (cité in cat. exp. Paris, 1993, op. cit., p. 89). Ce rapport à l’objet, qu’il sort de son contexte, isole et introduit dans son œuvre, lui donnant une valeur intrinsèque, marque sa différence avec Tatline, qui n’est jamais dans le domaine de l’« alogisme », et le place avant l’heure dans l’esprit de Dada. Tout en se distinguant sensiblement du readymade – il ne s’agit pas ici de l’objet comme œuvre d’art mais de l’objet dans l’œuvre d’art –, La Boule blanche, et a fortiori le Relief au marteau de 1914 (coll. part., cat. rais. n°100) et le Relief à l’assiette de 1919 (Stuttgart, Staatsgalerie, cat. rais. n°114), témoignent de l’audace de Pougny, qui déclare en 1921 que « l’art de la peinture possède la possibilité de métamorphoser les objets “inutiles et laids” en objet précieux » (cat. exp., Paris, 2003, op. cit., p. 23).
PERSON - Irène Mercier
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007