Achrome
1961
Achrome
1961
« Le tableau ne pourra pas valoir pour ce qu'il rappelle, explique ou exprime : il VAUDRA seulement puisqu'il est : être. » (Manzoni)
Achrome fait partie d'une série homologue de tableaux-reliefs qui évolue depuis 1957 par le recours à des matériaux et des textures variés. L'absence de couleurs mise en exergue par le titre revient au choix du blanc dont la neutralité écarte les connotations expressives de la couleur. Par le rejet de tout « conditionnement subjectif », l'artiste laisse libre champ à une surface épurée qui affirme sa présence en tant qu'espace et lumière.
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions |
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Technique | Fibre de verre, fil de fer, bois |
Dimensions | 51 x 66 x 13 cm |
Acquisition | Achat, 1994 |
N° d'inventaire | AM 1994-98 |
Informations détaillées
Artiste |
Piero Manzoni
(1933, Italie - 1963, Italie) |
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Titre principal | Achrome |
Date de création | 1961 |
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions |
Description | Mèches de fibre de verre blanche et fil de fer enroulés sur bois |
Technique | Fibre de verre, fil de fer, bois |
Dimensions | 51 x 66 x 13 cm |
Acquisition | Achat, 1994 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Contemporain |
N° d'inventaire | AM 1994-98 |
Analyse
Progressivement, les « Achromes » deviennent presque des readymades, simplement confectionnés dans des matériaux blancs (fibre de verre, comme ici, coton hydrophile, polystyrène expansé, peluche, plastique, paille) où s’efface toute « touche » personnelle et où seuls comptent les jeux de matière. Plus tard, cette éradication de toute notion de style dans les toiles de l’artiste se poursuit avec le recours à des phénomènes purement chimiques, qui mène à la réalisation des « Achromes » phosphorescents ou d’autres imbibés de chlorure de cobalt, substance qui change de couleur au gré des variations atmosphériques. Cette évolution des « Achromes » vers le readymade découle des préoccupations de l’artiste : le corps, l’immatériel, la trace, l’énonciation par le langage… En 1960, Manzoni propose en effet au public de la Galerie Azimut de Milan de déguster des œufs durs dont les coquilles blanches (achromes) portent en guise de signature l’empreinte de son pouce. L’année suivante, ce sont les personnes dont il signe le corps qui se voient élevées au rang d’œuvre d’art. Conceptuellement, Manzoni conclut cette quête de radicalité en 1961, à Herning au Danemark, dans une œuvre représentant un imposant socle en acier corten où l’on peut lire « socle du monde » à l’envers. Transformant l’univers en un immense readymade, l’artiste se voit transfiguré en géant Atlas, condamné à porter éternellement le poids du monde sur ses épaules.
Dorothée Dupuis
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007