Fonds d'archives
Fonds Galerie L'Effort Moderne - Léonce Rosenberg
1912 - 1947
Fonds Galerie L'Effort Moderne - Léonce Rosenberg
1912 - 1947
Importance matérielle | 31 boites d'archives écrites, 19 boites d'archives photographiques, 17 exemplaires de périodiques, 73 ouvrages imprimés. |
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Localisation physique | Bibliothèque Kandinsky - MNAM-CCI - Centre Pompidou, Paris |
Présentation du fonds
Le Fonds Léonce Rosenberg est un fonds d'archives de galerie, L'Effort Moderne, très complet quant à ses activités artistiques, dans l'organisation d'exposition et l'édition (Bulletin de L'Effort Moderne). Fonds multi-supports, il renferme tant des archives manuscrites et photographiques que des imprimés et des périodiques. Galerie importante dans le paysage du marché de l'art parisien de la fin des années 1910 au début des années 1940 et ce, malgré les guerres, les archives témoignent de la position dominante de L'Effort Moderne par la ule des noms d'artistes que l'on peut parcourir et de l'énergie dépensée par Léonce Rosenberg pour défendre et promouvoir ces artistes (en particulier, les tenants du cubisme).
Les archives écrites sont constituées en majorité de correspondances échangées entre le directeur de la galerie L'Effort Moderne et des personnalités du monde de l'art, avec qui il a collaborées ou qu'il a simplement côtoyées. La correspondance avec les artistes occupe les 20 premières boîtes du fonds. Si les quatre premières boîtes regroupent des lettres d'artistes divers, les boîtes 5 à 20 retracent une collaboration d'importance avec des artistes en particulier : Laurens, Max Jacob, Severini, Auguste Herbin, Juan Gris, Braque, De Chirico, Léger, Rivera, Gleizes, Picabia, Metzinger, Rendon, Valmier, Picasso, Reverdy, Lipchitz, Lurçat et Ozenfant. Ce sont ces mêmes artistes que nous retrouvons dans les archives photographiques. Le reste de la correspondance concerne diverses personnalités du monde de l'art, tels que des collectionneurs, clients de la galerie, des éditeurs et des hommes de lettres (par exemple, Waldemar George, Florent Fels, Jean Paulhan), des directeurs de théâtre ou de ballets, ainsi que des artistes décorateurs. Une correspondance est également partagée avec les membres et directeurs de diverses institutions, accompagnée de projets d'exposition. Une boîte concerne les ventes Kahnweiler et Uhde, pour lesquelles Léonce Rosenberg a joué le rôle d'expert. Elle renferme principalement des correspondances autour de ces ventes. Quelques documents concernent les activités de la galerie L'Effort Moderne : documents administratifs, cartons d'invitation pour des expositions de 1918 à 1928, papier à lettres à en-tête et argus de presse concernant ses activités de 1918 à 1931 ; et le bulletin qu'elle édite : documents administratifs, projets d'article et maquettes du bulletin du n° 21 au n° 40. Enfin, quelques manuscrits de Léonce Rosenberg complètent cet ensemble : un questionnaire adressé aux artistes, un tapuscrit sur Picasso et un autre sur l'art abstrait.
Les archives photographiques se composent d'albums de reproductions d'oeuvres (tirages photographiques noir et blanc), des artistes les plus représentés et exposés par la galerie L'Effort Moderne : Braque ; Csaky ; De Chirico ; Juan Gris ; Auguste Herbin ; Fernand Léger ; Metzinger ; Picasso ; Georges Valmier. Albums regroupant plusieurs artistes : Picabia et Valmier ; Rendon, Max Ernst, Matisse, Mondrian, Survage, Delaunay et Gleizes ; Severini, Miro, Sisley, Lipchitz, Chagall et Derain. Enfin, une dernière boite contient des vues d'accrochages et d'événements de la galerie L'Effort Moderne entre 1913 et 1921.
Imprimés : Le fonds comporte également 17 numéros de périodiques, datés entre 1911 et 1944, de nature très diverse. Certains d'une grande importance artistique, tels que les cinq exemplaires de la revue littéraire Nord-Sud (n°1, 3, 10, 16), 1917-1918 ; un exemplaire de la revue De Stijl (n°79/84), 1917-1927 ; deux exemplaires de La Revue Surréaule (n°3, 4), 1925 ; trois exemplaires de la revue Montparnasse (n° 47, 57, 58), 1926-1930 ; un exemplaire de Stile Futurista (n° 6-7), 1935. Ainsi que des numéros de revues de moindre importance, tels qu'un exemplaire d'Atlantis, septembre 1946 ; un exemplaire de Société anonyme, Inc., Museum of Modern Art, Report 1920-1921 ; le n° 21 des Petites affiches, du 21 janvier 1911 ; le premier cahier du Spectateur des arts, décembre 1944 ; un exemplaire du Salon des Indépendants, supplément au n° 9 des Lettres Parisiennes. Le fonds comprend également 73 ouvrages datés entre 1921 et 1947, incluant des catalogues d'exposition édités par d'autres galeries ou des institutions, des catalogues de vente et quelques essais. Parmi les catalogues de vente, on trouve celui de la collection Kahnweiler en 1921-1922, ainsi que celui de la collection Léonce Rosenberg vendu à Amsterdam en 1921. Le fonds comprend également quelques exemplaires de la collection "Les Maîtres du Cubisme ", présentée par Maurice Raynal et éditée par la galerie L'Effort Moderne.
Artistes/personnalités
Biographie
Léonce Rosenberg (Paris 1879 - Neuilly-sur-Seine 1947), marchand, collectionneur et éditeur, fut l'un des premiers défenseurs du cubisme et de l'art abstrait par le biais de sa galerie, L'Effort Moderne (1918-1941).
Fils de marchand, son père Alexandre tient une galerie, avenue de l'Opéra, où il propose des Antiquités, des peintures de l'école de 1830 et des toiles impressionnistes. Après des études au lycée Rollin, Léonce poursuit une formation commerciale à Londres et Anvers, où il en profite pour visiter les musées et se forger une culture artistique. De retour à Paris, il travaille dès 1906 avec son frère Paul dans la galerie familiale.
En 1910, il quitte la galerie de son père pour ouvrir sa propre galerie dans son hôtel particulier du 19, rue de la Baume à Paris. Ses frères lui ayant interdit de reprendre comme raison sociale le patronyme de son père, Léonce appelle sa galerie : Haute Époque. Il y expose des miniatures médiévales, des pièces d'archéologie, des primitifs italiens ou français. Au début des années 1910, il découvre les oeuvres de Cézanne, Van Gogh et Gauguin, puis le cubisme dans les galeries d'Ambroise Vollard, de Wilhem Uhde et de Daniel-Henry Kahnweiler. Pendant la guerre, il commence à collectionner Picasso, Georges Braque, Juan Gris, Auguste Herbin, Fernand Léger. Encouragé par Picasso, qui se retrouve sans véritable appui depuis le départ de Kahnweiler causé par la guerre, Léonce Rosenberg décide de soutenir et promouvoir le cubisme.
En 1918, ruiné par la guerre mais disposant d'une importante collection personnelle, sa galerie devient L'Effort Moderne. Ce nom va abriter toutes ses activités, expositions, ventes publiques, éditions. Léonce organise des ventes et des expositions à l'étranger dès 1919. Il édite un Bulletin de L'Effort Moderne, dont 40 numéros paraissent de janvier 1924 à décembre 1927. Il organise des matinées littéraires et musicales dont la première a lieu le 16 février 1919, pendant l'exposition personnelle de Fernand Léger, et consiste en une lecture de Blaise Cendrars.
L'Effort Moderne devient l'une des principales représentantes du cubisme après la Première Guerre Mondiale, en exposant Herbin, Laurens, Metzinger, Léger, Braque, Gris, Picasso, Mondrian, Ozenfant, Picabia. Pourtant, dès la fin 1923, les peintres cubistes sous contrat avec Léonce l'ont déjà tous quitté en claquant la porte : Picasso en 1916, Rivera en 1918, Lipchitz en 1920, Braque et Gris en 1921. Cela étant dû à l'évolution naturelle de ces artistes qui s'éloignent du cubisme primitif, malgré l'entêtement de Léonce à vouloir le faire persister.
Léonce a une pratique de galeriste légèrement différente des autres . Il ne s'intéresse qu'aux artistes dont il s'assure une collection en pleine et entière propriété. Ce qu'il montre, il le possède, à la différence de la plupart des autres galeries qui prennent les oeuvres qu'elles montrent en dépôt et restituent, après l'exposition, les invendus à l'artiste. De plus, il a une tendance à n'acquérir que des tableaux récents ; pour se garantir une certaine"virginité"des regards et rester complètement maître de ses prix. Il veut être le "découvreur". Mais pour financer ses activités, et à cause de la crise, Léonce est contraint de vendre sa collection à plusieurs reprises. La première vente a lieu en 1921 à Amsterdam. Deux autres ventes se déroulent à l'Hôtel Drouot à Paris, en 1932. En 1921, Léonce se fait également nommer expert lors de la vente des stocks de Kahnweiler, mis sous séquestre pendant la guerre de 1914-1918 et vendus aux enchères par l'État français au titre de "prise de guerre".
En 1928, il déménage ses collections personnelles dans son appartement du 75, rue de Longchamp à Paris, pour lequel il commande des panneaux décoratifs à des artistes. Il déménage à deux reprises par la suite, dans des appartements plus petits : en 1933, il part au 20, rue Spontini ; et en 1934, au 3, Square du Tarn, à Paris.
Haut lieu de l'art moderne, la galerie L'Effort Moderne doit fermer définitivement pendant la guerre, en 1941, suite aux lois antisémites.