Conférence
Université d'été de la Bibliothèque Kandinsky
L'art brut à l'épreuve de l'archive
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Dans une lettre à son ami Jacques Berne datée du 3 août [1970], Jean Dubuffet déclare : « L’entreprise de l’Art brut […] a consisté non pas à montrer l’art brut après l’avoir défini, mais à chercher où est l’art brut, en vue de réunir une documentation qui pourrait peut-être finalement le définir. »
En écho à la donation historique consentie par Bruno Decharme (collection abcd au Musée national d’Art moderne en 2021, comportant plus de neuf cents œuvres majeures d’art brut dont une sélection est présentée dans une salle dédiée du parcours permanent), la huitième édition de l’université d’été de la bibliothèque Kandinsky questionnera la diversité des figures de « passeurs » et « découvreurs » (médecins, chercheurs, collectionneurs, artistes, galeristes…) impliquées dans la documentation, la collecte, la diffusion et la reconnaissance de l’art brut.
L’opposition des termes montrer/chercher sous la plume de Dubuffet illustre l’attention cruciale qu’il accordait aux sources, dont le rassemblement ne constitue pas la condition d’une étude préalable, mais l’aboutissement d’une recherche de terrain dont les fruits, œuvres et documentation, se confondent. De fait, l’ infinie variabilité de la définition des objets de l’art brut, tour à tour source de plaisir esthétique et de connaissance, nous invite à explorer de manière critique la porosité des frontières entre ce qui fait « œuvre » et ce qui fait « document » : œuvres à part entière qui documentent des pratiques singulières et dont elles restent souvent la seule trace, corpus dynamiques, qui sont archive et œuvre tout à la fois, artistes archivistes à vocation encyclopédique à l’instar du facteur Cheval, de Henry Darger ou d’August Walla.
Art brut, outsider, naïf, populaire, vernaculaire, psychopathologique, médiumnique : cette pluralité terminologique ne doit pas constituer un facteur d’indétermination mais au contraire nous inviter à préciser les contextes historiques, géoculturels, internationaux. Quelles sont les traces de l’art brut ? Écrits/écritures, dessins, photographies, correspondance, rapports et comptes-rendus d’analyse, récits littéraires, reportages photographiques… quelles sources pour comprendre l’activité d’individus dont on ignore parfois jusqu’au nom de famille ? Les collections des « passeurs » qui ont su voir et valoriser l’art brut suffisent-elles à expliquer et analyser ces histoires ? Quelles furent, quelles sont les méthodes de regroupement, d’étude et de valorisation employées pour faire collection et constituer une documentation ? Quels sont les enjeux d’une définition « en creux » de l’art brut ?
Programme
Lundi 04/07/2022
10h30 – 12h30
Ouverture de l’Université d'été de la bibliothèque Kandinsky (salle de l’École pro du Musée).
Introduction par l’équipe organisatrice de l’université d’été 2022
Tour de table des participants et courte présentation des projets de recherche
Présentation du projet d'édition du Journal de l'Uebk
14h30 – 15h30
Conférence – cadre Barbara Safarova (Salle École pro).
« Donation Bruno Decharme et les recherches d’abcd. L’art brut : un concept à l’épreuve ».
Publique sur inscription
15h30 - 16h30
Conférence - cadre Lucienne Peiry (Salle École pro).
« Mémoire de deux œuvres disparues. Traces et archives d’Art brut »
Publique sur inscription
19h -21h
Table – ronde publique autour de la donation Decharme et son inscription dans l’histoire du musée : enjeux, perspectives. Avec Bruno Decharme, Sophie Duplaix, Lucienne Peiry, Barbara Safarova (bibliothèque Kandinsky).
Entrée libre sur réservation
Mardi 05/07/2022
9H30 – 12H30
Panel 1 : Expographie/muséologie de l’art brut (salle de l’École pro). Modération et introduction : Anne Montfort
Eurípedes Gomez da Cruz Junior : « De l’asile au musée – une collection brésilienne »
Brooke Wyatt : « De la nature morte à la nature vivante : l'œuvre-archive de Séraphine Louis »
Valérie Rousseau : « Neurodiversité et musée »
11h00 – 11h40
Intervention : Valérie Loth à propos de la donation Decharme dans les collections du Musée national d’art moderne. Études de cas
Discussion collective
Mercredi 06/07/2022
9h30 – 12h30
Panel 2 : Anonymat, auctorialité, renversement des normes, rapports de domination (salle École pro). Modération et introduction : Aurélie Verdier
Carolina Festa : « Anonymes: Some Bodies of Work »
Céline Gazzoletti : « Questionner la relation entre médiumnité et surralisme »
Flavie Beuvin : « Le féminin dans l’Art brut : fictions des corps vécus et formes d’apparaître incarnées »
Nancy Thébaut : titre à confirmer
Discussion collective
14h00 – 17h00
Panel 3 : Passeurs, sources, archives, prospective (salle École pro). Modération et introduction : Baptiste Brun
Raphaël Koenig : « Dévoilements : Morris Hirshfield à l’exposition internationale du surréalisme (1947) »
Laura Pelayo Gonzalez : Máximo Rojo et l'art brut : repenser l'archive
Roberta Trapani : « Osservatorio Outsider Art. Une histoire de résistances aux lisières de l’Europe »
15h30 – 16h10
Bruno Dubreuil : « Les pratiques brutes de la photographie : une histoire en questions »
16h15 – 16h35
Cristina Agostinelli : « Yüksel Arslan (1933-2017) artiste, bibliophile et collectionneur. »
Discussion collective
18h30 – 20h30
Conférence publique, Baptiste Brun (bibliothèque Kandinsky) : « Biographies brutes & archives nettes. Des histoires d'art brut au mythe, et retour »
Jeudi 07/07/2022
14h00 – 17h30
Panel 4 : Art-Thérapie/pathologie/histoire des pratiques en psychiatrie/aliénation-désaliénation (Salle École Pro). Modération et introduction : Corinne Benestroff
Marica Antonucci : « Piero Gilardi’s Art Brut Experience »
Maria Christina Garabaglia Penna : « Un nouveau regard pour l’histoire de l’art »
François Granier : « De l’art-thérapie à l’Art brut : quel archivage ? »
Caterina Flor Gümpel : « L’Art brut et la “méthode Gugging”: Leo Navratil et le test de projection de la personnalité dans le dessin chez Karen Machover comme source de création artistique »
16h30 – 17h10 :
Kaira Cabanas (en visioconférence) : « Decolonizing and displacing art brut: in, of and from the Global South »
Discussion collective
Samedi 09/07/2022
9h30 – 12h30
Panel 5 : Attribution, signature/ terminologie/ historiographie et méthodes de l’art brut (salle de l’École Pro). Modération et introduction : Lucienne Peiry
Julia Ben Abdallah : « Questionner les systèmes de domination à l'œuvre dans la définition de l’art brut. Une approche historique et une réflexion sur la gestion actuelle des collections.
Cécile Cunin, « Art brut, art asilaire et genre dans la 1ère moitié du 20e siècle : perspectives de recherche »
.
10h30 – 11h30
Bruno Montpied, les moments-clés de mon enquête sur l’auteur des « Barbus Müller », ou Comment l’art brut a commencé en Auvergne
Discussion collective.
Pauline Goutain : « Les Barbus Müller : le voile de l’anonymat levé »
11h45 – 12h00
Cristina Agostinelli, présentation de l’accrochage de la salle Decharme dans les collections du Musée national d’art moderne.
Projection films, Bruno Decharme
14h00 – 17h00
Panel 6 : Géographies de l’art brut/Territorialités/Outsider Art/art des marges/folk art (salle École pro). Modération et introduction par Barbara Safarova
Julia Lukasiak : « Problème de classification de l’art de Nikifor Krynicki – le voyage à travers les termes d’art »
Yaysis Ojeda Becerra : Presentation of the book La Piel del Grito/ The Skin of the Scream (Editorial Hypermedia); and presentation of the « Art Brut Space » section in Hypermedia Magazine.
Rena Kano : « Ce qu’a mis en lumière la réalisation d’une exposition de grande envergure dans un espace alternatif durant l’été 2021 : « Hasard et nécessité et... »
Discussion collective
Pour tout renseignement et demande d’inscription : recherche@centrepompidou.fr
Le comité de pilotage
Cristina Agostinelli, attachée de conservation et responsable de programmation, Collections contemporaines, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Thomas Bertail, chargé de coordination de la recherche, bibliothèque Kandinsky, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Bruno Decharme, collectionneur et spécialiste de l’art brut
Sophie Duplaix, conservatrice en chef des collections contemporaines, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou,
Mica Gherghescu, responsable du pôle recherche et programmation scientifique, bibliothèque Kandinsky, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Nicolas Liucci-Goutnikov, conservateur, chef de service de la bibliothèque Kandinsky, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Anne Montfort, conservatrice, cabinet d’arts graphiques, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Lucienne Peiry, docteur en histoire de l’art, commissaire d’expositions, chargée de cours à l’École polytechnique fédérale de Lausanne. A été directrice de la collection de l’Art brut à Lausanne puis directrice de la recherche et des relations internationales de ce musée. www.notesartbrut.ch
Mathieu Potte-Bonneville, directeur du Département culture et création, Centre Pompidou
Xavier Rey, directeur du Musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Barbara Safarova, productrice de films, docteur ès lettres et en esthétique, présidente de l’association abcd (art brut connaissance & diffusion), directrice de programme au Collège international de philosophie.
Diane Toubert, archiviste, collections contemporaines, bibliothèque Kandinsky, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Aurélie Verdier, conservatrice, collections modernes, au Musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Les participants
Marica Antonucci, Université Johns Hopkins
Julia Ben Abdallah, Ecole du Louvre
Flavie Beuvin, Centre d’études des arts contemporains, université de Lille
Cécile Cunin, université de Rennes 2
Carolina Festa, Royal Academy of Fine Arts Antwerp
Maria Christina Scarabotolo Gabaglia Penna, Université fédérale de l'état de Rio de Janeiro/Museu de Astronomia/UNIRIO et collaboratrice Musée d’images de l’inconscient et Musée Bispo do Rosario
Dr. François Granier, CHU Toulouse - université Toulouse III, praticien hospitalier honoraire CHU Toulouse. Président SFPE-AT. (Société française de psychopathologie de l'expression et d'art-thérapie).
Céline Gazzoletti, École du Louvre - galerie Hervé Van der Straeten
Eurípedes Gomez da Cruz Junior, Museu Nacional de Belas Artes/ Ibram /MinTur, Sociedade Amigos do Museu de Imagens do Inconsciente.
Pauline Goutain, Musée d’art Roger-Quilliot, Clermont-Ferrand
Caterina Flor Gümpel, Institut d’études transculturelles (CATS), Ruprecht-Karls-Universität Heidelberg
Rena Kano, commissaire d’exposition indépendante, laboratoire d'anthropologie sociale (LAS), Ecole de hautes études en sciences sociales, Paris
Raphaël Koenig, université de Toulouse II
Julia Lukasiak, chercheuse indépendante
Yaysis Ojeda Becerra, chercheuse indépendante et critique d’art, Hypermedia Magazine
Laura Pelayo González, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid
Valérie Rousseau, Curatorial Chair for Exhibitions & Senior Curator, American Folk Art Museum, New York
Nancy Thébaut, Skidmore College, Assistant Professor of Art History (Saratoga Springs, NY)
Roberta Trapani, PhD histoire de l'art (Paris Nanterre/Palerme), commissaire d'expositions
Brooke Wyatt, University of Pittsburgh, History of Art and Architecture
Les invités
Corinne Benestroff, psychologue clinicienne à l’EPS de Ville-Evrard, docteure en littérature, elle a animé des ateliers à visée thérapeutique (danse, théâtre, écriture). Ses recherches portent sur les traumatismes collectifs, les fonctions thérapeutiques de l'art, les processus de résilience dans une perspective transdisciplinaire.
Baptiste Brun, est enseignant-chercheur à l'université Rennes 2. Il est l'auteur de Jean Dubuffet et la besogne de l'Art brut. Critique du primitivisme (Les presses du réel, 2019) et commissaire de l'exposition itinérante « Jean Dubuffet, un barbare en Europe » (Mucem, Marseille ; IVAM, Valencia ; MEG, Genève, 2019-2021). Ses travaux et publications s'intéressent aux interactions qui opèrent à la croisée de la création artistique, de l'histoire de l'art, de l'anthropologie et de la psychiatrie au 19e et 20e siècle. Il porte une attention toute particulière aux artefacts apparentés à l'art brut et aux relations entre primitivisme et épistémologie de l'histoire de l'art.
Kaira Cabañas, est professeure d'art moderne et contemporain mondial et professeure affiliée au centre d'études latino-américaines de l'université de Floride à Gainesville. Elle est l'auteure de plusieurs volumes, dont Immanent Vitalities: Meaning and Materiality in Modern and Contemporary Art (University of California Press) qui a reçu le prix Frank Jewett Mather 2022 de la College Art Association, et Learning from Madness: Brazilian Modernism and Global Contemporary Art (University of Chicago Press, 2018). En 2012, elle a co-organisé (et édité le catalogue) Specters of Artaud: Language and the Arts in the 1950s au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía. Elle prépare actuellement son cinquième livre, "Deviant Art Histories: From Radical Psychiatry to Cultural Citizenship", qui a été soutenu par une bourse senior (2021-2022) au Center for Advanced Visual Studies, National Gallery of Art, à Washington D.C.
Bruno Dubreuil, critique d'art, enseignant en photographie et en histoire de l'art, commissaire d'exposition. En 2015, il publie le premier article d'une longue série sur les rapports entre photo et art brut dans « Brut Now, l'art brut au temps des technologies » (les Presses du réel, 2016). En 2022, il participe au colloque de Cerisy consacré à l'art brut. En parallèle, il poursuit une pratique artistique personnelle et publie son premier récit photographique en 2020, « Après, on oublie ».
Valérie Loth, attachée de conservation, cabinet des arts graphiques, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Bruno Montpied, né en 1954, est un peintre et chercheur autodidacte, versé dans la défense des arts populaires spontanés (naïf, brut, singulier). Collaborateur de plusieurs publications, dont le magazine Artension et la revue Création Franche, il est par ailleurs l'auteur de deux livres principaux, Eloge des Jardins anarchiques (L'Insomniaque éditeur, 2011) et Le Gazouillis des éléphants (éditions du Sandre, 2017). Il anime aussi, depuis 2007, un blog consacré à ses recherches, Le Poignard subtil.
Quand
10h30 - 21h
9h30 - 20h30
14h - 17h30
9h30 - 17h
9h30 - 12h30
Où
Charles Dellschau, (Sans titre), 1921. Donation Bruno et Barbara Decharme
Photo © César Decharme / Musée national d’art moderne – Centre Pompidou