Projection et rencontre
Table ronde « séries et surveillance »
24 avril 2022
L'événement est terminé
En France, aux États-Unis, en Israël et aujourd’hui dans le monde entier, le nombre de séries révélant les coulisses des régimes démocratiques aux prises avec la menace s’est multiplié. Ces œuvres sont souvent analysées en termes de « miroir » des sociétés et de leurs crises.
Désormais elles agissent sur le réel et relèvent d’un soft power, révélé encore avec Volodimir Zelensky et sa série Serviteur du peuple, qui le figurait en Président de l’Ukraine quelques années avant qu’il le devînt. Cette subversion du rapport entre fiction et réalité provient, en partie, d’une évolution dans les modes de fabrication des séries et les liens qui unissent professionnels de la télévision et acteurs de la sécurité, comme dans le cas de Homeland et du Bureau des Légendes. Mais aussi de l’instauration d’un paradigme de la surveillance dans l’esthétique sérielle. Par leur format (inscription dans la durée, régularité), l’attachement aux personnages qu’elles suscitent, la démocratisation et diversification de leurs modalités et lieux de visionnage (Internet, streaming), les séries sécuritaires modifient l’expérience même du spectateur. Par l’immersion dans des univers très particuliers, par la topographie virtuelle qu’elles installent, l’éducation qu’elles produisent, elles le confrontent directement à la menace (violence terroriste, autoritarisme et dictature, complotisme, crise environnementale, pandémie, guerre). Ces séries conduisent le spectateur à s’inscrire dans un dispositif spatio-temporel, esthétique et politique, de surveillance où il est mis en surveillance – nous sommes tous Carrie Mathison observant, fascinée, Brody à l’écran – et sous surveillance, sur écoute.
Après avoir proposé nombre de pilotes jamais réalisés, Howard Godron devient le producteur de la série X-Files jusqu’en 1997, puis réalise treize épisodes de Buffy contre les vampires, l’année suivante. Entre 2001 et 2010, Il est le coproducteur exécutif et l’un des scénaristes de la série 24 heures chrono, puis entre 2011 et 2014, celui de la série Homeland.
Jill Magid vit et travaille à New York. À la fin des années 2000, le service de renseignement néerlandais a chargé l’artiste de réaliser une pièce qui lui donnerait un visage plus humain. Le projet a abouti à son roman Becoming Tarden, en 2010. Quarante pour cent du manuscrit a été censuré par l’organisation. The Proposal, en 2018, est son premier film.
Table ronde avec Sandra Laugier, Mathieu Potte-Bonneville, l’artiste Jill Magid et, sous réserve, le scénariste et producteur Howard Gordon (24 heures chrono, Homeland), animée par Emmanuel Burdeau.
Quand
16h - 17h30
Où
Homeland, 2020, saison 8 épisode 8, Claire Danes, Costa Ronin, collection Christophel.
© Sifeddine Elamine – Showtime Networks – Teakwoo