Exposition / Musée
Jochen Lempert
11 mai - 4 sept. 2022
L'événement est terminé
Régine Steenbock, « Jochen Lempert » (détail), 2014 © Adagp, Paris, 2022
Cette exposition rétrospective présente trois décennies du travail de Jochen Lempert (né en 1958, vit et travaille à Hambourg). Biologiste de formation, spécialiste de libellules, ce n’est qu’en 1989, à 31 ans, qu’il débute sa carrière de photographe après une période fructueuse au sein du collectif de cinéma expérimental Schmelzdahin [Dissous-toi]. Cet héritage scientifique reste au fondement de sa pratique artistique, empreinte d’images de la nature, où l’animal côtoie le végétal.
Régine Steenbock, « Jochen Lempert » (détail), 2014 © Adagp, Paris, 2022
Ces images délicates, poétiques,toujours en noir et blanc, rendent hommage aux explorations photographiques des plantes par Anna Atkins et Karl Blossfeldt ; elles résonnent tout autant avec l’iconographie surréaliste d’un Jean Painlevé comme avec l’œil objectif des photographes modernistes allemands, présentés parallèlement dans le cadre de l’exposition « Allemagne / Années 1920 / Nouvelle Objectivité / August Sander » (11 mai - 5 septembre, Galerie 1).
L’exposition « Jochen Lempert » fait se côtoyer quelques-unes des toutes premières œuvres de l’artiste avec des œuvres plus récentes, sans hiérarchie chronologique. Le choix des œuvres et leur disposition dans l’espace – sur les cimaises ou en vitrine – sont pensés comme une installation unique, in situ, au sein de la Galerie de photographies. Les trois sections qui rythment le parcours éclairent, tour à tour, des leitmotivs dans l’œuvre de Jochen Lempert. Réflexion sur le dialogue entre nature et culture, une première partie, Physionomies / Morphologies, rassemble des études de formes et de corps, issus des mondes végétal, animal et humain ; dans la deuxième partie, intitulée Bioluminescence, des photographies d’organismes vivants absorbant et/ou générant de la lumière rappellent l’obsession de l’artiste pour la captation des épiphanies lumineuses ; enfin, une troisième partie intitulée Perception, révèle le « presque » (in)visible, offert à notre œil grâce au regard attentif, patient, et humble de l’artiste.
Jochen Lempert réalise le plus souvent ses photographies avec un objectif 50 mm, qui lui permet de rester au plus près
de la vision humaine. Ainsi, ce que livre l’artiste est davantage une invitation à mieux regarder ce que la nature nous offre, en ouvrant les yeux et en prenant le temps, plutôt qu’une plongée dans le spectaculaire instantané de la macrophotographie. Avec une innocence et une curiosité retrouvées, on s’émerveille devant des tours d’éponges
naturelles, la force herculéenne d’une fourmi, le tissage parfait d’une toile d’araignée, l’ombre d’un papillon sur l’asphalte, la trajectoire frénétique d’une mouche en plein vol ou encore la constellation de tâches de rousseur sur une épaule dénudée. Jochen Lempert s’autorise, parfois, un basculement vers une iconographie presque magique, lorsqu’il joue des qualités fantasmagoriques du photogramme, cette image obtenue sans appareil, par simple contact avec la matière photosensible. Ainsi, l’artiste fixe les traces éphémères de quatre minuscules grenouilles sur le papier sensibilisé, devenues tâches abstraites en deux dimensions.
Observateur inlassable du vivant, Jochen Lempert porte tout autant d’attention à la réalisation de ses tirages.
Parfait laborantin, il prépare lui-même ses révélateurs et ses fixateurs et il privilégie souvent des papiers texturés ou mats, qui accentuent la sensualité de ses images. Alternant grands, moyens, jusqu’aux minuscules formats, il construit ensuite de complexes récits visuels, en travaillant avec soin les rapports des images entre elles : analogies formelles ou conceptuelles, jeux de libre association, ces compositions d’images prennent vie dans l’espace d’exposition.
L’exposition « Jochen Lempert » s’inscrit dans une programmation du Centre Pompidou révélant les filiations artistiques en Allemagne. Au même moment, l’exposition « Allemagne / Années 1920 / Nouvelle Objectivité / August Sander », première grande exposition sur l’art et la culture de la Neue Sachlichkeit (Nouvelle Objectivité) en Allemagne, offrira un panorama inégalé de ce courant artistique
Jochen Lempert est né en 1958 à Moers (en Rhénanie-du-NordWestphalie/Allemagne), il vit et travaille à Hambourg. Entre 1980 et 1988, il étudie à la Friedrich Wilhelms-Universität de Bonn où il obtient un diplôme en biologie avec le projet de recherche « Études sur la faune, l'écologie et la reproduction des libellules (Odonota) dans les eaux de la forêt tropicale humide au Libéria, Afrique de l'Ouest ». En même temps, entre 1978 – 1989, il forme, avec Jochen Müller et Jürgen Reble, le collectif de cinéma expérimental Schmelzdahin [Dissous-toi]. Ensemble, ils explorent les possibilités offertes par les procédés de traitements chimiques et la pellicule celluloïd, y compris la culture de bactéries. À la fin des années 1980, Jochen Lempert se tourne vers la photographie pour développer une œuvre singulière, saluée pour la première fois en 1993 par la Bourse pour la photographie contemporaine de la Fondation Alfried Krupp von Bohlen und Halbach, une des distinctions les plus renommées en Allemagne depuis 1982. Il est également lauréat du prix Ars Viva – Photographie en 1995 (avec Thomas Demand, Barbara Probst et Wolfgang Tillmans), et reçoit, en 2017, le Camera Austria Award for Contemporary Photography par la ville de Graz, en Autriche.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis