Exposition / Musée
Francesco Clemente
"Early morning exercises" - Oeuvres sur papier 1971-1994
26 oct. 1994 - 16 janv. 1995
L'événement est terminé
Cette exposition est consacrée à l’œuvre graphique de l’artiste italien Francesco Clemente (né en 1952).
Sans être conçue comme une rétrospective, elle propose cependant un parcours chronologique assez vaste, depuis les premiers dessins réalisés au début des années 70 à Rome, jusqu’aux dernières aquarelles de 1994. Soit une centaine d’œuvres sur papier. A travers une réelle virtuosité technique, qui s’exprime le plus souvent par l’usage réhabilité du pastel ou de l’aquarelle, apparaît un certain nombre de préoccupations constantes dans l’œuvre de Francesco Clemente.
L’élaboration de sa pensée, sorte de syncrétisme philosophique, et sa traduction par l’image sont le résultat de la triple appartenance culturelle et géographique de l’artiste. Francesco Clemente se déplace entre la vieille Europe, New York et l’Inde. Son nomadisme permanent lui permet une attitude au monde qui refuse tout déterminisme pour privilégier une complète disponibilité.
[…] Très tôt il s’est voulu baigneur iconodule. Il s’immerge avec la certitude du pèlerin à Bénarès, attentif à tout fragment qui flotte, respectueux même des déchets que le flot peut porter, observant leurs altérations, les flexions des membres reflétés dans l’eau, contemplant plis et brillance des corps immergés.
Chez Francesco Clemente, les œuvres sur papier n’anticipent pas sur les peintures à l’huile, les fresques ou tout autre moyen d’expression. Elles existent autonomes et par leur métamorphoses, elles traduisent la multiplicité de chaque être et la polymorphie de toute chose. C’est ainsi que les autoportraits de l’artiste, si fréquents dans son œuvre (dont la série Codices, 1980), expriment cette mutation continue, tout comme l’érotisme souvent théâtralisé est une autre manière de traduire l’androgynie de chacun.
Les résurgences iconographiques de la statuaire tantrique ou de la Rome antique se mêlent sans hiérarchie aux notations du quotidien pour créer autant d’allégories poétiques et symboliques. C’est ce qu’illustre le superbe ensemble des 48 aquarelles du Black Book (1989), évocation de la sensualité des figures de la danse indoue, ainsi que les compositions des pastels de Pondichery (1979) où se juxtaposent, comme dans un journal intime, de petites natures mortes croquées sur le vif à des souvenirs de rêves.
Mais les images peuvent-elles exister sans les mots ? Chez Francesco Clemente, la relation à l’écriture, et plus particulièrement à la poésie, est fondatrice. Ayant lui-même très rapidement renoncé à cette pratique, il entretient des amitiés fécondes avec de nombreux écrivains et poètes […]. L’exposition présente Early morning exercises (1976), un ensemble de poèmes de John Wieners illustré par Francesco Clemente. Comme Allen Ginsberg ou Robert Creeley, Wieners est une des figures de la « Beat Generation » avec laquelle Francesco Clemente possède de nombreux points communs, dont la connaissance de l’hindouisme.
D’après Remo Guidieri, Le Magazine, n°83, 15 septembre-15 novembre 1994, et le communiqué de presse
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tous les jours sauf mardis