Débat / Rencontre
Marcel Gauchet
« La crise financière que nous sommes en train de vivre témoigne d'une crise du jugement »
24 sept. 2009
L'événement est terminé
« Le néolibéralisme comporte une composante épistémique importante, il est animé par une certaine idée de la connaissance et du savoir, et une certaine idée de leur rôle dans la vie sociale. Cette question se pose en relation avec l'anesthésie de la pensée dont le néolibéralisme constitue à beaucoup d'égard la théorisation ; il tire, en effet, une part notable de sa force d'une double postulation : l'impossibilité d'une certaine connaissance et l'inutilité d'un certain savoir () Et cela, non pas du tout, au nom de l'ignorance et de l'analphabétisme, mais au nom d un autre modèle de la connaissance et d'une autre idée du savoir.
Quelle connaissance et quel savoir ? Tout est là. Une connaissance et un savoir qui s'établissent en rupture et contre un régime antérieur de la connaissance et du savoir ; par là, le néolibéralisme accompagne un mouvement très profond de nos sociétés qui les détourne de se penser, au nom justement d'une connaissance qui se substituerait avantageusement à cette exigence réflexive.
Un mouvement qui entretient nos sociétés dans la conviction qu'une telle compréhension d'elles-mêmes est inutile puisque nous disposons d'un savoir qui nous dispense d'un exercice aussi vain dans son principe que dangereux par ses suites. Tout notre environnement nous incite à ne pas chercher à comprendre et encore moins à chercher à maîtriser notre univers. D'où l'asthénie et l'indigence de la vie intellectuelle et culturelle actuelle. () Nous avons des raisons de penser que ce rejet de la réflexivité est inhérent au nouveau cours social auquel colle le néolibéralisme. La crise financière que nous sommes en train de vivre relève exactement du même problème, en ce qu'elle témoigne d'une crise du jugement. »
Extraits du séminaire de Marcel Gauchet : Les voies du néolibéralisme II.
« …Le néolibéralisme comporte une composante épistémique importante, il est
animé par une certaine idée de la connaissance et du savoir, et une certaine
idée de leur rôle dans la vie sociale. Cette question se pose en relation avec
l’anesthésie de la pensée dont le néolibéralisme constitue à beaucoup d’égard
la théorisation ; il tire, en effet, une part notable de sa force d’une double
postulation : l’impossibilité d’une certaine connaissance et l’inutilité d’un
certain savoir (…) Et cela, non pas du tout, au nom de l’ignorance et de
l’analphabétisme, mais au nom d un autre modèle de la connaissance et d’une
autre idée du savoir.
Quelle connaissance et quel savoir ? Tout est là. Une connaissance et un savoir
qui s’établissent en rupture et contre un régime antérieur de la connaissance
et du savoir ; par là, le néolibéralisme accompagne un mouvement très profond
de nos sociétés qui les détourne de se penser, au nom justement d’une
connaissance qui se substituerait avantageusement à cette exigence réflexive.
Un mouvement qui entretient nos sociétés dans la conviction qu’une telle
compréhension d'elles-mêmes est inutile puisque nous disposons d’un savoir qui
nous dispense d’un exercice aussi vain dans son principe que dangereux par ses
suites. Tout notre environnement nous incite à ne pas chercher à comprendre et
encore moins à chercher à maîtriser notre univers. D’où l'asthénie et
l’indigence de la vie intellectuelle et culturelle actuelle. (…) Nous avons des
raisons de penser que ce rejet de la réflexivité est inhérent au nouveau cours
social auquel colle le néolibéralisme. La crise financière que nous sommes en
train de vivre relève exactement du même problème, en ce qu’elle témoigne d’une
crise du jugement. »
Extraits du séminaire de Marcel Gauchet : « Les voie du néolibéralisme II »
EHESS 5/02/2009
Le jeudi 24 setpembre, 2009, 19h30, Petite salle, niveau -1
Renseignements :
Christine Bolron, 01 44 78 46 52, @ : christine.bolron@centrepompidou.fr
Quand
À partir de 19h30